L'exposition Baga
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Collection du musée Barbier-Mueller
Exposée pour la première fois en France, la collection du musée Barbier-Mueller (Genève) considérée comme la plus importante collection privée, offre un aperçu emblématique de la production artistique du peuple Baga de Guinée Conakry (Afrique), ceci à travers un ensemble d'une vingtaine de sculptures (masques, statues, tambours...) de très haute qualité. Ces sculptures majestueuses et emblématiques ont fasciné des générations d'artistes occidentaux (Vlaminck, Picasso, Giacometti, Moore...) dès le début du 20ème siècle, reconnaissant dans leurs propriétés formelles, monumentales et géométriques la quintessence même de la beauté. Ils y ont trouvé une nouvelle source d'inspiration pour leurs recherches esthétiques, sans s'intéresser réellement à leur contexte cultuel. En réalité, nous savons peu de choses des pratiques rituelles et des représentations religieuses, antérieures à l'implantation du christianisme et de l'islam, qui leur donnaient sens. En présentant des productions anciennes et modernes, articulées autour du travail de l'anthropologue David Berliner, cette exposition propose de remédier à ces lacunes ethnographiques, tout en montrant que les sociétés littorales de Guinée maritime restent, jusqu'à ce jour, héritières de leur ancienne culture religieuse, avec ou sans objet. Cet ensemble permet également d'ouvrir des champs de réflexion, notamment sur la transmission des valeurs cultuelles en Afrique à travers les générations et d'appréhender ainsi d'autres cultures qui ont présidé à ces œuvres : un objectif que poursuit le Musée d'Arts Africains, Océaniens, Amérindiens, depuis plus de 20 ans.
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Le peuple Baga.
Les Baga vivent en Guinée-Conakry, dans un paysage dominé par la mangrove où règne un climat tropical. Peuple de riziculteurs, on distingue 7 sous-groupes Baga se partageant un territoire morcelé le long du littoral maritime guinéen. Historiquement, les Baga ont connu de rapides changements religieux, depuis la colonisation française à la révolution marxiste préconisée par le Président SékouTouré (1958-1984), en passant par l'influence de leurs voisins musulmans Susu. Autrefois, les Baga créaient et utilisaient de nombreux masques qui incarnaient pour eux un ancêtre ou un esprit. Symbolisant ces esprits et leurs pouvoirs, le masque surgissait de la brousse ou de la mangrove le temps d'une danse pour marquer des moments importants dans la vie de la communauté. A partir de 1930, avec l'arrivée du christianisme puis de l'islam, la plupart des statues furent détruites ou dispersées dans les collections du monde entier. Les institutions initiatiques qui faisaient naître ces sculptures ont disparu. Pourtant ces sociétés littorales de Guinée restent héritières de leur passé religieux. De nombreux éléments de leur structure religieuse ont persisté malgré l'absence des objets rituels visibles d'autrefois. Aujourd'hui certains masques sont toujours réalisés mais utilisés dans un contexte différent, lors de fêtes villageoises, pour célébrer un visiteur de marque ou même encourager l'équipe de football du village.
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Coupole de la chapelle
L'ART BAGA ET LES PRIMITIVISTES. La découverte des arts extra-européens par toute une génération d'artistes a marqué un tournant dans l'histoire de l'art. Vlaminck, Picasso, Derain, Matisse, et avant eux Gauguin, sont les premiers à porter un regard nouveau sur ces objets : ils voient de l'art là où d'autres voient de simples curiosités ramenées des colonies. Dès lors, la révélation de ces œuvres ouvre la voie aux recherches plastiques de l'art moderne. Bien que son œuvre n'en soit que très peu influencée, Vlaminck, dès 1905, est l'un des premiers à collectionner l'art africain. Parmi les sculptures de la collection du musée Barbier-Mueller figure notamment une statuette ayant appartenu à l'artiste, mais aussi un masque Banda de l'ancienne collection d'André Lhote, l'un des initiateurs du mouvement cubiste. Dès 1906, Derain commence à visiter les musées d'ethnographie : le musée du Trocadéro de Paris et le British Muséum de Londres. Il incite Picasso à faire de même. En 1927, vingt ans après en avoir contemplé un exemplaire au musée du Trocadéro, Picasso fait l'acquisition d'un masque Dimba, aujourd'hui exposé au musée national Picasso à Paris. Au début des années 1930, peu après cette acquisition, il réalise une série de portraits de Marie-Thérèse Walter. La ressemblance entre la sculpture Baga et ces « grandes têtes » est frappante. Picasso qualifie cet art dit « primitif » d'art savant de par son pouvoir expressif. Cet intérêt pour les arts africains et océaniens fait naître le primitivisme. De nombreuses recherches plastiques sur la libération de la couleur, le démantèlement de la perspective classique, et plus généralement l'abandon des canons de l'art occidental sont entrepris. Kahnweiler écrit dans Présence africaine en 1948 : « C'est la sculpture nègre qui a permis aux peintres cubistes de voir clair dans des problèmes que l'évolution de l'art européen avait embrouillés et de trouver une solution qui, en évitant tout illusionnisme, aboutissait à la liberté qu'ils ambitionnaient. »
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Masque Banda
Pour les historiens de l'art africain, le masque Banda est lié au peuple Nalu. Pourtant, le premier exemplaire a été collecté chez les Baga en 1932 par l'ethnologue H. Labouret dans le village de Moncong, en pays Bulongic. De fait, le masque Banda a été utilisé aussi bien dans les sous-groupes Baga, chez les Nalu et les Landuma. Sur le plan formel, sa structure est complexe : Banda évoque une synthèse des formes vivantes. La plupart de ces masques possèdent une gueule de crocodile aux dents pointues (hormis celui-ci), surmontée d'un visage humain. Le crâne se termine par des cornes d'antilope et une queue de caméléon enchevêtrées, le tout rehaussé de riches décorations géométriques. Autrefois ce masque, au pouvoir puissant, aurait été lié à une association secrète d'anciens. Il aurait eu notamment la charge de protéger les jeunes initiés des attaques de sorcellerie. Chez les Bulongic, il était porté par les initiateurs. Le masque dansait au début et à la fin de l'initiation en mimant différents mouvements d'animaux : il volait comme un oiseau, marchait avec le pas lourd du buffle, ondulait comme un serpent au rythme des tambours. Au fil du temps, il est devenu, partout où il est encore dansé, un masque de réjouissance destiné à animer les baptêmes, les mariages et les fêtes publiques.
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Masque Banda
Baga, Nalu, Landuma, Susu. Bois, pigments Ancienne collection A Lhote Exposition African Negro Art. 1935. MOM.
Ce grand masque-heaume polychrome possède une structure complexe, alliant formes animales (crocodile, antilope, serpent, caméléon...) et humaines. Il représente une sorte de synthèse de toutes les formes vivantes qui, en s'alliant, entraîneraient un mouvement rituel entre le monde surnaturel et le monde physique. Il dansait jadis lors des cérémonies rituelles, au rythme des tambours, en mimant les différents mouvements des animaux représentés : volant comme un oiseau, nageant comme un poisson, ondulant comme le serpent...
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Masque-oiseau
Abemp en Baga Sitem ou Abamp en Baga Koba. Le masque-oiseau était utilisé dans tous les sous-groupes Baga, mais aussi chez les Susu, les Nalu et les Landuma, témoignant du phénomène d'emprunt entre les différents groupes et de la circulation intense de ces objets le long de la côte de Guinée. Cette sculpture est d'un style assez classique : long bec, allure ramassée, houppette surmontant le crâne, décorations géométriques, oisillons sur la tête de la figure principale.
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Masque-oiseau
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Masque-oiseau
Abemp en Baga Sitem ou Abamp en Baga Koba. Jadis, le masque-oiseau sortait après la récolte au cours des danses nocturnes récréatives, souvent accompagné du masque Dudu, vilain esprit de la forêt. Chez les Baga Sitem, Abemp dansait avec Dudu lors des réjouissances post-initiatiques. Aujourd'hui, en pays Baga, ce masque, très populaire, sort à l'occasion des réjouissances destinées à la jeunesse. « Symbole du bien et de la joie », il est utilisé par les jeunes gens lors de diverses cérémonies organisées au clair de lune : mariages, baptêmes, circoncisions, fêtes villageoises.
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Le masque Dimba
Très impressionnant par sa taille et son poids, il reste l'un des masques les plus spectaculaires et monumentaux d'Afrique. Souvent appelé «masque d'épaules», ce buste, au visage étroit et nez busqué, présente une morphologie rappelant une femme nourricière, mais aussi le calao, oiseau au grand bec recourbé, incarnant fertilité et croissance. Il est l'un des symboles du patrimoine artistique et culturel de la Guinée. Il fut aussi, pour les artistes du 20e siècle, une figure emblématique des liens tissés entre les arts africains et les arts occidentaux.
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Masque d'épaule Dimba
On a longtemps cru que Dimba incarnait une déesse de la fécondité, symbole central d'une association d'hommes. L'ethnologue F. Lamp a montré qu'elle n'était pas sous le contrôle d'une société d'initiation et quelle représentait une entité spirituelle, une «femme Baga idéalisée» : elle symboliserait les valeurs féminines de la fécondité, la fertilité de la terre et l'abondance des récoltes. En pays Sitem, sans être un génie ou une divinité, Dimba n'en était pas moins une source de puissance rituelle. Chaque quartier d'un village en possédait une, portant le nom d'une femme du quartier. Elle sortait lors des mariages, accompagnant la mariée chez son futur époux, mais aussi à l'occasion de décès ou de fêtes liées au cycle du riz.
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Masque d'épaule Dimba
À Moncong en pays Bulongic, la danse de Dimba, appelée le sèngbè, réunit hommes et femmes autour du tambour du même nom. Caché sous une robe de raphia, le danseur tient le masque par les pieds et regarde par deux trous percés au milieu de la poitrine. Vu le poids de l'objet, le pas de Dimba est lourd et relativement lent. Aujourd'hui, il n'est pas rare d'assister à une performance de Dimba. à l'occasion d'un mariage, d'un tournoi de football ou pour l'arrivée d'étrangers de marque dans le village.
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Le masque serpent Bansonyi
Cette longue sculpture, monoxyle et sinueuse, évoque le serpent par l'ondulation de ses courbes. Ce mouvement est accentué par l'alternance de losanges gravés et peints sur toute sa hauteur. Formes et couleurs s'allient en un jeu d'équilibre dynamique. Ce masque représente un esprit très puissant, celui du serpent-python Ninguinanga : cet être mythique occupe une place importante dans la cosmogonie Baga. Autrefois exhibé lors des cérémonies d'initiation, il représentait le grand masque de la société des hommes, protecteur des jeunes initiés.
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Masque Bansonyi
Cette sculpture a longtemps été présentée comme "le" principal chef-d’œuvre Baga. Les anthropologues se sont penchés sur les rapports qui pouvaient exister entre la forme serpentine du masque et les représentations symboliques du serpent dans cette région de l'Afrique de l'Ouest. En effet, on retrouve partout sur la côte Atlantique un ensemble de récits relatifs à un génie-serpent, dénommé le Ninkinanka ou Niniganné. Le contexte rituel d'utilisation du masque Bansonyi était très différent selon les régions : chez les Baga Koba, le masque-serpent était appelé ta-tem (litt. le vieil homme). L'initiation qu'il dirigeait visait l'introduction de certains individus privilégiés dans un groupe rituel sélectif ; son apparition, toujours nocturne, porté sur l'épaule sans costume et au son de petites clochettes, provoquait la terreur des habitants et surtout des femmes qui ne pouvaient l'approcher. Chez les Baga Bulongic, il était tout à la fois masque d'initiation, protecteur du village, puissant anti-sorcier et mobilisé dans la mise à mort magique d'un ennemi.
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Statuette féminine
Bois. Datant du 19ème siècle, cette sculpture a appartenu à Maurice de Vlaminck avant d'être acquise par Josef Mueller dans les années 1930. Sa position agenouillée, sa poitrine généreuse, sa fine coiffure, les colliers et les bracelets ornant son corps, représentent des éléments caractéristiques de nombreuses figures féminines Baga. Utilisées la plupart du temps comme caryatides de tambours, ces sculptures sont très certainement liées aux associations féminines. Aujourd'hui encore, ces groupements créent de véritables communautés féminines régionales, bien que toutes les femmes n'y soient pas sur un pied d'égalité. Les plus âgées d'entre elles jouent de leur autorité sur les plus jeunes qui ne participent à aucune des pratiques secrètes du groupe.
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Statuette féminine
L'accouchement est toujours la condition sine qua non pour appartenir à l'association a-tekan chez les Baga Sitem. Chez les Bulongic, les vieilles femmes racontent qu'auparavant, il fallait avoir eu un enfant pour faire partie de l'association. Actuellement, toutes les femmes peuvent prendre part aux cérémonies de l'organisation, sans initiation aucune.
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Statuette à tête de Dimba
En pays Sitem, ces statuettes nommées Ekerenka se trouvaient dans la maison sacrée où leur étaient adressés des libations de vin et sacrifices de poulets. Chez les Pokur, appelées kenga, elles étaient liées à la divination et à la communication avec les défunts de la famille. Intervenant dans le cadre personnel des lignages, on leur adressait des sacrifices dans les maisons sacrées. En pays Bulongic, ces objets ont été reconnus comme faisant partie des maisons sacrées et intimement liés au pouvoir des vieux hommes.
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Statuette féminine
Baga. Bois.
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Tambour féminin Èndèf
Les Baga réalisaient également des tambours en bois, colorés et décorés de personnages féminins et parfois d'animaux sculptés. Rythmant les cérémonies, certains tambours appartenaient et étaient joués par des femmes, d'autres par des hommes. Le tambour des hommes est décrit comme le symbole de l'initiation masculine et du pouvoir des aînés. Colossal, il était parfois nécessaire que le batteur se place sur un promontoire afin d'en jouer à l'aide de deux baguettes.
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Tambour féminin Èndèf
Bois. Tandis que les hommes ont abandonné l'usage de leurs tambours décorés, les femmes ont poursuivi leurs pratiques rituelles et les associations féminines utilisent encore leurs tambours à caryatide dès qu'une danse importante est organisée. Ces tambours s'inscrivent aujourd'hui dans une véritable guerre des sexes autour de la continuité des pratiques religieuses.
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Tambour masculin Timba
Parmi les objets faisant la renommée des populations Baga figurent leurs tambours à caryatide finement sculptés. Le tambour colossal présenté ici est un Timba, tambour des hommes, véritable symbole de l'initiation masculine et du pouvoir des aînés. Certains tambours, liés aux associations féminines, florissaient jadis dans la région Baga et poursuivent jusqu'à ce jour leurs pratiques rituelles. Tandis que les hommes Baga n'utilisent plus guère leurs instruments à percussion, les associations féminines continuent à en faire usage. En pays Bulongic, les femmes sortent leurs tambours Èndèf lors de danses collectives. Ils sont portés à même la tête par une femme de l'association. Un long cortège escorte les tambours jusqu'au lieu de la cérémonie. Indispensables à leur vie rituelle, ces tambours représentent les associations féminines elles-mêmes, notamment dans leur résistance à la disparition de ces pratiques religieuses. Les anciens des villages Bulongic sont souvent farouchement opposés aux pratiques rituelles féminines et souhaitent les interdire. Cela donne lieu à de sévères conflits. Ces tambours s'inscrivent aujourd'hui dans une véritable guerre des sexes autour de la continuité de ces pratiques religieuses.
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Tambour masculin Timba
Joué à t'aide de deux baguettes, les tambours Timba nécessitaient parfois que le batteur prenne place sur un promontoire. Chez les Baga Sitem, ils étaient utilisés pour signaler le décès d'un vieux ou lors des travaux champêtres pour encourager les travailleurs. Mais surtout, on s'en servait lors de l'initiation aux médicaments kabéré col. Il accompagnait le masque Acol à la fin de l'initiation. Jadis en pays Bulongic, il existait une initiation similaire, appelée èlèkèl. Elle consistait en une réclusion d'un mois durant laquelle les jeunes hommes et femmes étaient formés à certains secrets de pharmacopée
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Masque facial à deux têtes
Bois, patine.
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Masque facial à deux têtes
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Statuette à tête de Dimba
Bulongic. Pokur Baga Sitern. Bois, patine.
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Statuette à tête de Dimba
Ces sculptures font partie des créations les plus énigmatiques de l'art Baga. On ne peut actuellement en préciser l'origine, seulement établir une zone de diffusion dans les régions Bulongic, Pokur et Baga Sitem. Ces statuettes allient le corps d'un homme ou d'une femme à la tête de Dimba. Rehaussées d'une patine foncée, elles pouvaient être en couple ou collées ensemble. Le contexte social et religieux de leur utilisation reste méconnu.
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Masque Sibondel
Bois, pigments, tissu, fibres.Les années 1930-1950 ont vu la création de nouvelles formes sculpturales créées par les jeunes générations Baga dans un processus de contestation intergénérationnelle. Les masques Sibondel et Yombofisa en sont deux exemples. Le masque Sibondel généralement enduit de peinture acrylique vive est est très répandu. Il danse à l'occasion de réjouissances villageoises. Il se caractérise par une tête de lièvre reliée à une boîte contenant des figurines représentant souvent des personnages clés de la période coloniale : tirailleur, cavalier, chef de canton, chasseur au fusil. Avec l'islamisation et l'influence de la population mandingue sont apparues les figures du ministre en robe blanche et celle de l'expert coranique. Pour de nombreux jeunes Baga, le masque Sibondel correspondait à une certaine idée de la modernité.
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Masque Yombofisa
Baga. Nalu, Landuma. Bois, pigment. L'invention du masque Yombofisa semble, elle, liée à la diffusion du culte de Mami Wata, un génie marin féminin qui, à partir du Ghana, se répandit dans toute l'Afrique de l'Ouest,, Représentant le buste d'une femme aux seins volumineux, ce type de masque est désigné sur le terrain par trois noms différents, selon les éléments décoratifs qui ornent la tête du personnage : Yombofisa est caractérisée par des tresses de cheveux qui sont collées sur son crâne, Signai par la crête décorée de motifs géométriques multicolores et Tiyambo par la présence de deux cornes sur le sommet du crâne. En pays Sitem, on danse Ymbofisa lors de divertissements et réjouissances de jeunes, voire pour parer à une épidémie.
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Le masque Yombofisa
Baga. Nalu, Landuma. Bois, pigments. Ce buste de femme aux seins volumineux appartient à un genre sculptural assez récent. Né dans les années 1930, il représente Yombofisa, déesse de la beauté qui peut prendre les traits d'une sirène. Il danse encore aujourd'hui lors de divertissements et réjouissances des jeunes, voire pour parer à une épidémie.
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Masque casque Numbe
Nalu, Baga Mandort Baga Sitem. Bois, clous de tapissier
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Siège
Baga. Bois. Docom en Baga Sitem ou ntam en Baga Bulongic.
Ces sièges étaient liés à l'exercice du pouvoir, celui des vieux hommes initiés dans une société plus que jamais gérontocratique, mais apparemment sans chef à l’époque précoloniale. Ces hommes incarnaient le sommet de la hiérarchie sociale. Leur efficacité sociale et politique était forte et se manifestait dans le cadre du conseil des anciens, la plus haute instance politique dans l'espace du village.
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Siège
Réputés pour être dotés de pouvoirs rituels extraordinaires, détenteurs de puissants médicaments, souvent accusés de sorcellerie bien que chargés de lutter contre ce fléau, ces hommes jouaient un rôle de première importance dans la vie rituelle des lignages. Ces sièges symbolisaient leur pouvoir politique et religieux. Aujourd'hui encore, les anciens sont les premiers responsables du bien-être villageois et la séniorité demeure associée au privilège de pouvoir s'asseoir sur un bon siège. Jeunes et adultes ne pourront en aucun cas emprunter le siège du vieux en sa présence et devront obligatoirement s'asseoir par terre.
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Siège
Baga. Bois.
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Tambour masculin Timba
Baga. Bois, peau, pigments.
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Masque casque
Nalu, Baga Mandori, Baga Sitern. Bois, patine, pigments.
Avec sa forme générale caractéristique et son décor géométrique finement incisé, ce masque est souvent identifié comme un masque-tortue ou un masque-buffle. Chez les Nalu, il était connu sous le nom de Numbe. On en distingue deux types : les grands destinés à la protection des villages et les petits à celle des familles. Utilisé à la fois comme masque et comme autel, il incarnait jadis le messager et le guide du masque-serpent Bansonyi. Connu chez les Baga Sitem sous le nom de Tonkongba, signifiant "orateur lointain", il annonçait l'arrivée prochaine d'Amancongopong, le grand masque circonciseur. Décrit comme une sorte de mémoire collective, il connaissait de manière infaillible l'histoire des villages. Il informait les gens des événements passés ou à venir. Toujours auprès d'Amancongopong lors de ses rares sorties, il était très intimement lié à l'institution initiatique. Gardien des initiés pendant leur réclusion dans le bois sacré, il avait pour tâche de les protéger principalement de la sorcellerie.
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Masque facial
Baga Kakissa. Bois. Dimba, un masque emblématique. Ce buste colossal en bois est de loin la plus fascinante des créations Baga. Ce masque est une véritable entité spirituelle pour le peuple Baga. Il représente l'image idéalisée de la femme, incarnant les valeurs de fécondité et de fertilité, fondements essentiels de la communauté. Pourtant Dimba, qui figure sur certains billets de banque de Guinée comme emblème du patrimoine national n'est pas à proprement parier la plus caractéristique des œuvres Baga puisqu'on la retrouve également chez leurs voisins les Nalu.
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Masque facial
Les exemplaires de ce masque sont rares : ils furent collectés avant 1960 et rassemblés dans les collections occidentales. Aperçu en pays Baga par les explorateurs au 19ème siècle, le masque Dimba disparut de 1950 à 1984, avant de réapparaître dans un désir de réhabiliter la coutume passée. Son histoire correspond à celle des Baga et de la Guinée au cours du 20eme siècle. Dimba est aussi devenue une figure emblématique des liens tissés entre les arts africains et occidentaux. Ses propriétés formelles, monumentales et géométriques, ont inspiré de nombreux artistes du 20ème siècle, comme Giacometti ou Picasso. Ce dernier fit l'acquisition d'un masque Dimba en 1927, après avoir admiré quelques années auparavant celui exposé au Musée du Trocadéro : cette sculpture deviendra le catalyseur de la série de portraits monumentaux de Marie-Thérèse Walter, réalisés en 1931.
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Masque-autel Acol
Baga du Nord. Nalu. Bois, patine suintante, clous de cuivre
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Masque-autel Acol
Baga Sitem, Baga Mandori. Pokur. Bulongic, Nalu. Bois.
Chez les Baga Sitem, cette sculpture est connue sous le nom d'Acol, qui signifie médicament. Peinte en noir et ointe d'huile végétale, elle se trouvait jadis dans la maison sacrée kilo kipon. Avant de faucher le riz, il fallait prendre les meilleurs épis et aller les suspendre dans la maison sacrée : le doyen faisait un sacrifice sur le masque-autel et la moisson pouvait commencer. Si des circonstances d'urgence l'imposaient, le vieux du lignage demandait l'assistance d'Acol : on pouvait y amener un malade, le doyen plaidait alors son cas.
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Masque-autel Acol
Puissant anti-sorcier chargé de lutter contre les mauvais esprits et de mettre fin aux intentions malveillantes, Acol était aussi gardien des circoncis dans la forêt sacrée. Il avait, entre autre, pour tâche de détecter les traces d'empoisonnement dans la nourriture des futurs initiés. On le dansait en diverses occasions : moissons, mariages, décès de personnes âgées, séances de possession anti-sorciers. Mais surtout, il était au cœur d'une initiation aux médicaments kabéré col, destinée aussi bien aux jeunes hommes qu'aux jeunes femmes. Trois mois durant, les initiés apprenaient des éléments de pharmacopée, une langue secrète cocol et subissaient les coups répétés des initiateurs. À la fin de kabéré col ce masque sortait pour être dansé.
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