Exposition au MUCEM : Connectivités.
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La Méditerranée est le personnage principal de la thèse de Fernand Braudel
La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, publiée en 1949. Dans cet ouvrage le géographe, devenu historien, a inventé la géo-histoire et mit en place une méthodologie novatrice inspirée de l’Ecole des Annales. Elle est fondée sur l’interrelation de trois temps: le temps géographique, dit « la longue durée », le temps des sociétés dans leurs dimensions économiques et sociales, le temps événementiel, considéré comme la « couche brillante et superficielle de l’histoire ». Les protagonistes de cette histoire de la Méditerranée sont les deux grands empires en présence aux XVIe et XVIIe siècles, l’Empire Ottoman et l’Empire des Habsbourg et leurs centres d’échanges : les villes- ports d’Istanbul, Venise, Alger, Gênes, Séville, Lisbonne. Pendant ce siècle et demi, le monde méditerranéen est en équilibre : un monde en vase-clos, alternant échanges économiques et conquêtes territoriales... Dans ce même temps des événements vont le déstabiliser. Christophe Colomb, navigateur génois au service des rois d’Espagne pour atteindre les Indes par l’Atlantique, découvre l’Amérique en 1492, le Portugais Magellan effectue en 1522 la première circumnavigation, inaugurant l’ère de la mondialisation.
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La Navigation : Christophe Colomb aborde le Nouveau Monde en 1492.
Antoine-Dominique Magaud. Musée des Beaux-Arts de Marseille. Ce tableau, commandé dès 1856 à Antoine-Dominique Magaud par les Jésuites pour le Cercle religieux de Marseille, fait partie d'un ensemble de quinze peintures. Christophe Colomb à genoux remercie le ciel du succès de son entreprise, en arrière-plan, les caravelles illustrent le thème de la navigation.
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Charles Quint, roi d'Espagne, empereur du Saint-Empire romain germanique (1500-1558).
Philippe II, roi d’Espagne et de Portugal, duc de Brabant (1527-1598).
École flamande XVIe siècle. Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles
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Enfance de Charles Quint, une lecture d’Érasme
Édouard Hamman XIXe siècle. Musée d’Orsay Paris. Chartes Quint né à Gand en 1500 fut confié à sa tante Marguerite d’Autriche, sœur de Philippe Le Bon, régente des Pays-Bas, qui l'éleva dans un contexte très flamand au château de Malines. Son éducation fut confiée à Érasme, humaniste hollandais, qui devint son conseiller politique à partir de 1515 et lui dédia L’Education du Prince chrétien. La peinture, datée de 1511, représente Charles Quint à onze ans, au château de Malines, assis aux côtés de Marguerite d'Autriche sur le trône. Il écoute Érasme.
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Marie Tudor, reine d’Angleterre (1516-1558).
Anonyme (d’après Antonio Moro) France. XVIe siècle. Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. Seconde épouse de Philippe II d'Espagne, elle visa, en vain, à restaurer le catholicisme en Angleterre. Philippe II rêvait de reconquête catholique et s'était allié par mariage à l’Angleterre dans cette perspective... ce qui ne l’empêcha pas de briguer, après la mort de Marie, la main de sa sœur très protestante, Élisabeth 1ère, afin de ne pas perdre cette alliance.
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Saint Ignace de Loyola et saint François Xavier.
Giovanni Battista Gaulli. dit Baciccio. Gênes 1639 - Rome 1709. Huile sur toile. Musée des Augustins. Toulouse. Rencontre entre saint Ignace de Loyola (1691-1556), fondateur de la Compagnie de Jésus et saint François Xavier (1506-1552) co-fondateur et missionnaire de l'Ordre. La scène se déroule dans une pièce d'un couvent à la porte de laquelle des moines assistent à l'entrevue. Les deux amis et d'autres compagnons, qui s'étaient connus au collège Sainte-Barbe à Paris, mirent en place les fondements de l'Ordre des Jésuites, orientés par saint Ignace vers l'œuvre missionnaire dans le Nouveau Monde. Approuvée en 1540 par le pape Paul III, la Compagnie avait formulé un vœu d'obéissance à la papauté. François Xavier répondit à la demande du roi du Portugal et du pape d’évangéliser les comptoirs des Indes orientales et convertit les Japonais avec succès dès 1549. Il mourut avant de pouvoir accomplir son souhait d’évangélise la Chine. Le rôle de la Compagnie de Jésus fuit essentiel sous les Habsbourg au XVIe siècle.
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François Ier. Soliman le Magnifique.
Anonyme. XVIIe siècle. Galerie des Illustres du château de Beauregard, commandée par Paul Ardier (1543-1638), contrôleur des guerres et trésorier de l'Épargne sous Louis XIII, classée au titre des monuments historiques. Parc et Château de Beauregard, Cellettes (Loir-et-Cher).
François Ier, candidat malheureux contre Charles Quint à l’élection de l’empereur des Habsbourg, passa une alliance « impie » avec Süleyman (Soliman le Magnifique) dès 1530, dans le but de sauvegarder les intérêts français en Méditerranée.
Le sultan Mehmed II Fatih «Le Conquérant» de Constantinople, fut le premier des sultans ottomans à faire réaliser son portrait par un artiste occidental (G, Bellini). À la suite de cela, la mode des portraits se développa : Soliman le Magnifique fit réaliser le sien par le Titien, suivi de nombreux autres. Ce portrait anonyme le représente à partir de son profil gauche, enturbanné, l'oreille percée d'une boucle à pendant de perle baroque.
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Plats.
Iznik, Turquie 1535-1540. Museu Calouste Gulbenkian, Lisbonne. La production céramique ottomane se développe au XVIe siècle dans les ateliers d'Iznik. La technique, influencée par les porcelaines chinoises, débouche sur la production de céramiques à fond blanc lumineux couvert de décors, d'abord bleus puis très colorés, recouverts d’une glaçure transparente à l’effet éclatant. Les motifs végétaux privilégient roses, jacinthes, œillets et tulipes. Cette production est très tôt exportée vers l'Occident via Venise.
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Plat.
Iznik, Turquie 1535-1540. Museu Calouste Gulbenkian, Lisbonne.
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Carreau de revêtement du kiosque du Jardin du sérail à Constantinople.
Iznik, Turquie. XVIe siècle. Cité de la céramique. Musée national de la Céramique. Sèvres. Ce carreau de revêtement provient du kiosque du Jardin du sérail à Constantinople, bâti dans la seconde moitié du XVIe siècle et détruit au début du XIXe siècle pour les besoins de transformation du kiosque dans un style occidental. Les carreaux déposés par l'architecte en charge de la transformation du pavillon proviennent des ateliers d’Iznik et représentent œillets et tulipes, caractéristiques de l'art du décor palatial dans l'Empire ottoman.
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Süleyman Ier levant le siège de Vienne en 1529.
École italienne. XVIe siècle - début XVIIe siècle. Musée des Augustins. Toulouse. Süleyman développa une politique expansionniste de conquête vers l'Europe, prenant Belgrade en 1521, Buda en 1526, et mettant le siège devant Vienne en 1529. Son immense armée composée de 100 000 hommes dont 20 000 janissaires, se mit en route, semant la terreur à Vienne. Malgré cette supériorité numérique, les Viennois résistèrent et Süleyman fut contraint de lever le siège. Vienne symbolisait la limite européenne de l'expansion ottomane. Le sultan Mehmet IV essaya à son tour, et avec deux fois plus de soldats, de prendre, en vain, la ville en 1683.
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Le Bouraq
Peinture sous verre. Tunisie, vers 2000. Collection Mucem. Le Bouraq (« éclair » en arabe) est la monture fantastique sur laquelle Mahomet aurait, selon la tradition musulmane, effectué le voyage nocturne de la « Mosquée sacrée à la Mosquée très éloignée » (sourate 17), associées à La Mecque et à Jérusalem. C'est à l'endroit où le Prophète aurait pris son envol qu’a été construite la mosquée al-Aqsa, ici représentée à l'arrière-plan, sur le mont du Temple de Jérusalem. La ville sainte pour les trois religions monothéistes est sous domination ottomane entre 1516 et 1917.
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Le Débarquement de Christophe Colomb en Amérique en 1492.
1892. Musée royal de Mariemont. Belgique. Médailles commémoratives émises par les États-Unis, la Suède et l’Italie à l'occasion du 400e anniversaire de l'arrivée de Christophe Colomb dans le Nouveau Monde et dans le cadre de la World's Columbian Exposition à Chicago en 1893.
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Le Débarquement de Christophe Colomb en Amérique en 1492.
Médaille suédoise
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Le Débarquement de Christophe Colomb en Amérique en 1492.
Médaille italienne.
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Le Débarquement de Christophe Colomb en Amérique en 1492.
Médaille américaine.
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L’EMPIRE OTTOMAN ET L’EMPIRE HABSBOURG.
En 1453, la prise de Constantinople, dernière ville de l’Empire byzantin, par le sultan Mehmet II « Fatih » (le Conquérant) consacre l’Empire ottoman. Au XVIe siècle, sous le règne de Süleyman 1er (Soliman le Magnifique), cet empire gigantesque atteint son extension maximale - au nord jusqu’à la mer Noire et, d’est en ouest, du Proche-Orient au Maghreb. Il occupe un territoire continu dans le bassin oriental de la Méditerranée et constitue un passage obligé pour rejoindre l’Orient. Les ports de l’est et du sud de la Méditerranée étant aussi sous contrôle ottoman, les Habsbourg sont contraints à négocier et à combattre pour accéder aux richesses convoitées (soieries, épices). Grande famille du Saint Empire romain germanique, les Habsbourg se constituent à l'inverse un empire formé de territoires discontinus grâce à des stratégies matrimoniales. Sous le règne de Charles Quint, il inclut la Franche-Comté, les Pays-Bas, l’Espagne et ses possessions outre-Atlantique, les duchés de Naples et de Milan, la Bohême, la Hongrie, les Flandres. Quand Charles Quint abdique en 1555, il sépare son empire en deux branches : son fils, le roi Philippe II, hérite des possessions espagnoles et son frère Ferdinand devient le nouvel empereur du Saint Empire romain germanique. Ces deux empires sont les principaux pouvoirs en présence dans la Méditerranée des XVIe et XVIIe siècles.
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Ogier de Busbecq achetant à Constantinople l’étendard royal d'Espagne à des pirates turcs.
Jean-Baptiste Huysmans 1904. Commune de Bousbecque, France. Cette toile représente un épisode de la mission de Busbecq, ambassadeur de l’empereur Ferdinand Ier auprès de Süleyman : Ogier de Busbecq obtient la libération de trois capitaines défaits par l’amiral turc Dragut devant Djerba en 1560 et négocie auprès de pirates turcs le rachat de l'étendard royal d’Espagne.
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Bouquet de fleurs.
Nicolas van Veerendael. 1675. Musée des Beaux-Arts de Marseille. Le bouquet de fleurs de Nicolas van Veerendael, peintre flamand, est représentatif du genre pictural des « vanités » évoquant la destinée de l'homme via la symbolique des fleurs. La présence de la tulipe est caractéristique : elle évoque à la fois une mode frénétique venue d’Istanbul via Ogier de Busbecq, ambassadeur flamand des Habsbourg, et la « tulipomania » qui entraîna la flambée des prix des oignons de la fleur, puis son effondrement, phénomène identifié comme la première bulle spéculative. De l’Empire ottoman dont elle était le symbole - le mot « tulipe » étant à la fois le nom et la forme du turban du sultan -, elle devint celui des Pays-Bas d'aujourd’hui.
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Bijou-talisman bazu band
Iran. XVIe siècle. Agate gravée, métal, turquoise. Mucem Marseille. Süleyman tente d'agrandir son empire de l’ouest à l’est de l'Europe : convoitant les richesses de l’Inde, il tente plusieurs fois de s’emparer de l'Iran séfévide qui lui barre cette route. II attaque le souverain shah Tahmasp, prend temporairement Tabriz et Bagdad. Malgré des revers militaires, les deux empires développent des échanges commerciaux et culturels fructueux, le shah persan ayant favorisé les arts de la musique, de la poésie et de l'enluminure. Ce brassard-talisman perse témoigne des contacts culturels entre les Empires ottoman et séfévide au XVIe siècle.
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Monnaie de Süleyman le Magnifique.
Le Caire. Égypte. 1550-1551. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille.
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ISTANBUL ET SÜLEYMAN Ier
Le sultan Mehmet II fait de Constantinople la capitale de l'Empire ottoman en 1453 et la renomme Istanbul. Sous le règne de Süleyman 1er (1520-1566) dit Kanuni (le législateur), elle est gérée de main de maître et atteint l'apogée de sa puissance et de son épanouissement artistique et culturel. Cet empire gigantesque s'étale sur trois continents. Au XVIe siècle. Istanbul est déjà une mégapole qui accueille 500 000 des 22 millions d'habitants de l'Empire. Süleyman accorde une attention particulière à l'embellissement de la ville. Il confie son développement à l'architecte Sinan, qui construit mosquées, écoles, universités, ponts et aqueducs. Inspirée par la basilique Sainte-Sophie de l’empereur byzantin Justinien, l'architecture des mosquées de Sinan est le fruit d’un syncrétisme des cultures méditerranéennes. En tant que protecteur des lieux saints et du pèlerinage, Süleyman fait aussi restaurer le dôme du Rocher par des céramistes d’Iznik, les murs de Jérusalem ainsi que la Kaaba de La Mecque. Héritier du califat, il fait transporter à Istanbul les reliques du Prophète Mahomet. Poète et orfèvre, le sultan est un mécène généreux et un collectionneur. Il crée des sociétés artistiques fréquentées par les sujets de tout l’empire et de nombreux ateliers impériaux.
Mosquée de Soliman le magnifique de l'architecte Sinan. Vers 1880. Sébah Pascal (1823-1886) Paris, musée Guimet le national des Arts asiatiques. RMN-Grand Palais / image musée Guimet.
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Cinq plats.
Iznik, Turquie XVIe siècle. Museu Calouste Gulbenkian, Lisbonne. Ensemble de céramiques destinées à l’exportation produites dans les ateliers d’Iznik à la fin du XVIe siècle. En 1585, un décret du sultan oblige les ateliers à consacrer toute leur production à l'usage exclusif du palais de Topkapi, ce qui conduira à leur déclin. A gauche, en bas : Plat à décor de tulipes bleu et blanc. XVIe siècle. Mucem, Marseille.
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Plats.
Iznik, Turquie XVIe siècle. Museu Calouste Gulbenkian, Lisbonne. Ensemble de céramiques destinées à l’exportation produites dans les ateliers d’Iznik à la fin du XVIe siècle. En 1585, un décret du sultan oblige les ateliers à consacrer toute leur production à l'usage exclusif du palais de Topkapi, ce qui conduira à leur déclin.
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Plats.
Iznik, Turquie XVIe siècle. Museu Calouste Gulbenkian, Lisbonne. Ensemble de céramiques destinées à l’exportation produites dans les ateliers d’Iznik à la fin du XVIe siècle. En 1585, un décret du sultan oblige les ateliers à consacrer toute leur production à l'usage exclusif du palais de Topkapi, ce qui conduira à leur déclin.
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Plats.
Iznik, Turquie XVIe siècle. A gauche : Plat à décor de tulipes bleu et blanc. XVIe siècle. Mucem, Marseille. Le plat à décor de tulipes stylisées, céramique siliceuse, est décoré bleu de cobalt et turquoise sur fond blanc dans le « style des potiers ». La forme de ce plat sans rebord dérive sans doute des plats en cuivre étamé fabriqués en Anatolie, Iran, Asie centrale timouride.
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Pichet.
Iznik, Turquie 1580-1585. Museu Calouste Gulbenkian. Lisbonne.
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Albarello, vase de pharmacie.
Italie, 1560-1570. Cité de la céramique. Musée national de la Céramique, Sèvres. Ce vase à pharmacie, produit à Venise au XVIe siècle, est décoré d'un homme coiffé d’un turban, symbolique des Ottomans pendant la Renaissance
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Albarello, vase de pharmacie.
Italie, 1560-1570. Cité de la céramique. Musée national de la Céramique, Sèvres. Ce vase à pharmacie produit à Venise au XVIe siècle est décoré d'un homme coiffé d’un turban, symbolique des Ottomans pendant la Renaissance
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Carreaux de revêtement mural
Iznik, Turquie 1590 Dépôt du musée de Cluny. Musée national du Moyen Âge à la Cité de la céramique Musée national de la céramique. Sèvres. Ces carreaux de revêtement mural proviennent de la Mosquée Takkeci Ibrahim Aga, quartier de Topkapi, Istanbul.
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Deux ensembles de carreaux.
Fin XVIe-début XVIIe siècle. Museu Calouste Gulbenkian, Lisbonne.
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Deux ensembles de carreaux.
Fin XVIe-début XVIIe siècle. Museu Calouste Gulbenkian, Lisbonne.
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Armes de protection ottomanes. Casque tartare. Chanfrein de cheval mamelouk.
XVIe siècle. Musée de l’Armée, Paris. Le règne de Süleyman et celui de son prédécesseur Selim 1er sont marqués par de grandes campagnes militaires. On retrouve sur ce casque tartare doré le motif incisé de la tulipe, fleur impériale évoquant le pouvoir du sultan. Le chanfrein de cheval en fer est une production mamelouke.
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Bucentaure vénitien.
Maquette de Pietro Gazzan. Italie, 1992. Galata Museo del Mare, Gênes. Le bucentaure était un bateau fabriqué dans les arsenaux de Venise sur le modèle des galères. Chaque année, au jour de l’Ascension, le doge entouré de toute la noblesse sortait à son bord et célébrait son mariage avec la mer en y jetant un anneau d’or.
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Galère sensile.
De la fin du XVIIe siècle. Maquette de Vauthier France. 1938-1947. Chambre de Commerce et d'industrie Marseille Provence. Les galères, navires à rames dont les qualités techniques firent la réputation de l'Arsenal, étaient à usage commercial et militaire. Au XVIe siècle, l'Arsenal pouvait sortir 100 galères en deux mois. C'est avec ce type de navires que les Vénitiens participèrent à la bataille de Lépante. Les galères sensiles étaient des galères à un seul étage de rameurs.
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VENISE, VILLE DE MARCHANDS.
La prospérité de Venise doit beaucoup à sa position géographique, à la fois proche de l'Orient, d’où elle reçoit ses marchandises, et de l’Europe où elle les écoule. Jusqu'au XVe siècle, la ville dispute à Gênes le monopole du commerce en Méditerranée orientale. À l'avènement de l'Empire ottoman. Venise s’offre au sultan pour faire la liaison avec l’Europe ; en retour, ce dernier lui garantit la paix indispensable aux échanges. Ses possessions en Méditerranée (Chypre, Crète, ports de Raguse et de Split) lui assurent un relais commercial maritime, et son arsenal, qui emploie près de 3 000 travailleurs, construit des bateaux de commerce performants. La richesse de Venise, ce sont également les marchands, les banquiers, les assureurs: la ville-État a mis en place depuis le Moyen Âge un système de crédit et de banques lui permettant d'investir. La découverte de nouvelles routes maritimes vers l'Orient par les Portugais va cependant bouleverser l’équilibre économique de la ville. La signature, en 1573, d'un nouveau traité de paix avec les Ottomans au lendemain de la bataille de Lépante contraint Venise à céder Chypre et d’autres possessions. La Sérénissime entame alors son déclin, qui doit autant à la perte de ses territoires qu’à la découverte de nouvelles routes maritimes.
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Elisabetta Querini Massola, Veduta de Venise, Plan de Venise dédié au doge, Objets relatifes au travail de la soie
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Elisabetta Querini Massola à partir d'un original perdu du Titien.
École vénitienne. Venise. 1576-1600. Dépôt du musée du Louvre au musée des Augustins. Toulouse, 1957. Elisabetta Querini Massola, belle et intelligente patricienne de Venise, fille et épouse de patricien, fut chantée et courtisée par tous les poètes et humanistes de Venise. Elle incarne le style de vie de Venise au XVIe siècle. Elle inspira aussi bien Pietro Bembo, cardinal et écrivain, que Giovanni della Casa, écrivain et nonce apostolique du pape Paul III, qui reçoit au cours de grandes fêtes nocturnes la meilleure noblesse vénitienne, les érudits et les artistes. Elle inspira également Pietro Aretino, dramaturge, ami du Titien qui fit son portrait, aujourd’hui perdu, et qui servit de modèle à des artistes anonymes.
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« Veduta » de Venise.
Johan Richter 1717. Musée des Beaux-Arts de Marseille.
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Plan de Venise dédié au doge.
Ludovico Ughi XVIIe siècle. Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence.
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Du ver au fil, la production de soie.
Damas, Syrie, collecté en 2002Mucem, Marseille. L'ensemble d'objets collectés auprès d'artisans syriens, témoigne de la pérennisation des savoir-faire de la sériciculture dans cette région essentielle pour la route de la soie depuis l'Antiquité romaine. Des œufs du ver à soie aux brocarts d’or et d’argent les plus raffinés, c’est toute la chaîne opératoire du tissage de la soie qui est transmise ici : cocons, tirelles, écheveau, bobines, navette, tampon...
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Du ver au fil, la production de soie.
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Brocart de soie.
Atelier des frères Mezannar Damas, Syrie, collecté en 2002. Collection Mucem. Venu de Chine, l’élevage du ver à soie se développe en Syrie, où l’on produit dans les ateliers de Damas à l'époque musulmane de riches brocarts aux décors fabuleux d'oiseaux paradisiaques, de scènes maritimes ou de chasse. Convoités par l'Église et les cours princières européennes, ces textiles d'apparat font l'objet de l'un des commerces les plus fructueux de Venise qui les rapporte de Syrie en Europe via Istanbul.
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Oselle du doge Giovanni Bembo 92e doge et sequin d’or d’Alvise Contarini 106e doge.
Venise XVIIe siècle. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille, Archives municipales. La Sérénissime était gouvernée par le Grand Conseil dont le chef de l’exécutif était un doge élu à vie. Une fois par an, le doge offrait aux nouveaux entrants au Grand Conseil, une «oselle», sorte de médaille en or ou en argent. Tout comme le sequin d'or, elle était frappée d’un côté par le portrait du doge et de l’autre par la scène du doge à genou recevant la bannière de saint Marc, patron de Venise. Le sequin d’or fut frappé à l'identique par la Zecca, Hôtel des monnaies du XIIIe siècle jusqu’à la fin de la République (1797).
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Vue cavalière de Venise
École italienne XVIIe siècle. Musée du Louvre
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Vue de Malte prise du fort Saint-Elme. Vue de Malte prise devant le fort de Manöel.
Alberto Pullicini XVIIIe siècle. Dépôt du musée du Louvre au musée national de la Marine. Expulsés de Rhodes en 1523 à la suite du siège de Soliman, les chevaliers de Saint-Jean acceptent la forteresse de Tripoli et les îles de Malte offertes par Charles Quint. Le terrain des conflits entre Habsbourg et Ottomans s'étant déplacé vers le centre de la Méditerranée, l’amiral de la flotte ottomane Dragut reprend Tripoli en 1551 et se tourne vers Malte en 1565. Les Turcs attaquent le fort Saint-Elme, mais la victoire chrétienne sera obtenue après un long siège. Après le siège, les fortifications sont reconstruites. Sous la houlette des grands maîtres, Malte devient un centre économique et politique d’importance en Méditerranée, notamment grâce à la guerre de course et au commerce des esclaves.
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Le poids des armes.
Les armures des combattants Habsbourg sont des vêtements d'acier taillés sur mesure alors que l'équipement militaire ottoman est composé de cotte de mailles recouvert en partie de plaques métalliques ce qui le rend plus léger et plus souple que l'européen. Armes courtes (épées) et longues (hallebardes) complètent la défense de même que les casques ronds pour les Habsbourg, à bulbe pour les ottomans recouverts de leur turban. Certaines armures étaient destinées aux tournois chevaleresques. Les chevaux étaient également protégés avec un chanfrein pour la tête. Ici la reproduction de celui de Philippe II décoré à ses armes. Au premier plan : épées vénitiennes, schiavone (droite) et badelaire (courbe), 1600.
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Le poids des armes.
Demi-armure. Habsbourg d'Espagne. 1580
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Le poids des armes.
Morion. Habsbourg d'Espagne. 1580
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Le poids des armes.
Armure de joute aux armes de la Toison d'or. 1565-1570. Badelaire vénitien.
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Le poids des armes.
Cotte de mailles et casque-turban ottoman. XVIe siècle. Hallebardes suisses. 1500.
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Le poids des armes.
Chanfrein de cheval aux armes de Philippe II. Galvanoplastie de Christofle, 1914. Musée de l'armée, Paris.
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Le poids du pape.
Pie V, pape en 1566, dirige la politique religieuse des Habsbourg, soutient l'Inquisition, encourage la production d’objets-reliquaires vendus aux pèlerins alors même que se développe la réforme protestante. Pie V fédère les Etats chrétiens autour d’une sainte Ligue qui conduira à la bataille de Lépante en 1571. Le doge vénitien Alvise Mocenigo se rallie au pape tout en cultivant des liens privilégiés avec les Ottomans. L'assiette à tulipes d'Iznik, décorée à ses armes, témoigne que les combats entre les deux empires n'entravaient aucunement le commerce entre Venise et Istanbul. Bras reliquaire.
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Le poids du pape.
Médaille du pape Pie V (1566-1572) Bologne. XVIe siècle.
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Le poids du pape.
Ensemble d'objets de dévotion chrétienne Italie, vers 1550 Mucem, Marseille
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Le poids du pape.
Ensemble d'objets de dévotion chrétienne Italie, vers 1550 Mucem, Marseille
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Ignace de Loyola recevant la bulle de fondation du pape Paul III.
Série de la vie de Saint Ignace de Loyola. Juan de Valdes Leal. Séville. XVIIe siècle. Museo de Bellas Artes de Sevilla, Séville. La Compagnie de Jésus, fondée par Ignace de Loyola avec quelques compagnons dont François Xavier, est confirmée par une bulle du pape Paul III en 1540 : elle s'est donnée pour mission de « répandre la foi et témoigner de la justice sous l'obéissance du pontife ». L'activité missionnaire est déléguée par le pape aux missions catholiques de l'Espagne et du Portugal, les deux puissances (le « patronat ») qui se partagent le monde de part et d’autre de la ligne du traité de Tordesillas.
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L'Architecture : Michel-Ange présente à Paul III son plan de Saint-Pierre en 1546
Antoine–Dominique Magaud. XIXe siècle. Musée des beaux-arts. Marseille Alexandre Farnèse, pape sous le nom de Paul III, était richissime et fut un mécène généreux avec des artistes. En 1546, il confie l'architecture de la basilique Saint-Pierre de Rome à Michel-Ange. Il est aussi le fondateur de la première Sainte Ligue, qui regroupe sous sa bannière les Espagnols, les Génois, les Vénitiens et l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem contre les ottomans et les conduit à la bataille de Préveza (1538).
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La bataille de Lépante.
Anonyme, XVIIe siècle (?). Huile sur toile. Église paroissiale de l'Assomption. Commune du Monêtier-les-Bains, Hautes-Alpes. Classé au titre des Monuments Historiques le 29/08/2002. Ce tableau représente la bataille navale du 7 octobre 1571 à Lépante, golfe de Corinthe, suite à la signature d’une « Sainte Ligue » initiée par le pape Pie V, rassemblant Espagnols, Génois, Vénitiens, le duché de Savoie et autres alliés de l'Empire des Habsbourg contre l'Empire ottoman qui venait de prendre Nicosie et Famagouste (Chypre). La bataille fut remportée par la flotte de la Sainte-Ligue commandée par Don Juan d’Autriche, demi-frère de Philippe II. Les galères des deux camps, reconnaissables à leurs étendards (croissants et croix de Saint-Jean de Jérusalem) s’affrontent ; dans le ciel, la Vierge brandit foudres et scapulaires. Pie V attribua cette victoire inattendue à la dévotion au rosaire et Don Juan dédia sa galère à la Vierge. Cette toile est représentative du programme de propagande artistique développé par les Habsbourg et la papauté pour célébrer la victoire du christianisme en Méditerranée.
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Alger : maquette de la ville en 1830
La ville d’Alger tient son nom de l’île qui protège l’entrée de son port. Son architecture a peu évolué entre le XVIe siècle et 1830, année de la prise de la ville par les troupes françaises. Son emplacement stratégique a fait d’elle un port convoité par les deux empires. Le corsaire Khayr ed Din Barberousse (1476 - 1546) réalise des travaux défensifs. Il reçoit du sultan le titre d’amiral de la flotte ottomane pour avoir su garder Alger au sein de l’empire. On voit bien l’étendue des dispositifs défensifs de la ville essentiellement tournés vers la mer, lui ayant valu son surnom d‘"Alger la bien gardée" et de "la ville aux 1000 canons".
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Vues d'Alger.
C'est sur la base d’un corpus d’images que Fernand Braudel découpe l’histoire du Maghreb et de l’Algérie, d’où il découvre la Méditerranée en 1923. Seuls sont connus les côtes et les ports : Oran, conquise par les Espagnols en 1509 et en partie Alger, sur le Penon de laquelle les Espagnols construisirent une fortification armée de canons qui tenait la ville en respect. Tandis que Arudj et Kheir ed-Din Barberousse ont installé le pouvoir ottoman à Alger, ils prennent le Penon aux Espagnols (1529) et construisent un vrai port protégé en rattachant l’îlot à la terre par une digue. Charles Quint essaie en vain de reconquérir Alger en 1541. La ville peut enfin développer son industrie, la course, dont elle vivra pleinement pendant trois siècles.
A droite, Vue sur le port de Tunis.
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Vue d'Alger.
Alger, plan de ville.
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Vue d'Alger.
Port d’Alger par Nicolas de Fer, XVIIe siècle.
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Vue d'Alger.
Alger, ville d’Afrique, capitale du royaume du même nom. Chambre de Commerce et d'industrie Marseille Provence.
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Vue sur le port de Tunis dans la Barbarie sur la mer Méditerranée
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Alger, la ville aux mille canons.
Alger, « la ville aux mille canons » doit son surnom à l’immense parc de pièces d'artillerie provenant de tout l'Empire ottoman découvert lors de la prise d’Alger par les Français en 1830. Ce canon de bronze est décoré de motifs végétaux, palmettes et ornements. Trois inscriptions en arabe précisent qu’il a été commandé par le sultan Émir Djajezuhlah au début du mois de ramadan 985 (1581) et réalisé par Djafer, fondeur à Alger sous le règne du sultan Selim. Musée de l’Armée, Paris.
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Alger, la ville aux mille canons.
Ce canon de bronze est décoré de motifs végétaux, palmettes et ornements. Trois inscriptions en arabe précisent qu’il a été commandé par le sultan Émir Djajezuhlah au début du mois de ramadan 985 (1581) et réalisé par Djafer, fondeur à Alger sous le règne du sultan Selim. Musée de l’Armée, Paris.
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Coiffure de femme.
Alger. Mucem, Marseille. La « sarma » est une coiffe féminine ottomane en usage au XVIe siècle. Composée d'une âme métallique, elle était recouverte d'un tissu différent selon les confessions, noir pour les Juives, rouge pour les Musulmanes. Les populations juives étaient importantes dans la régence d'Alger : exilées dès 1492. à la suite des expulsions ordonnées par Isabelle la Catholique, elles furent accueillies par le sultan ottoman aussi bien à Istanbul que dans ses possessions (à Salonique et en Afrique du Nord).
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Galère du capitaine Kheir ed-Din Barberousse, amiral de la flotte ottomane.
Maquette à l’échelle 1/50e, 1978 Musée national de la Marine, Paris.
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Prise de la forteresse de la Goulette par l’armée et la flotte de l’Empereur Charles Quint contre Tunis en 1535.
Cette peinture est une copie d'après le carton N° 6 de la série des tapisseries et le 7e tapis de Veditio princeps, 1548-1554, atelier de Wilhelm de Pannemaker. On y voit, au premier plan, les caravelles et galères de la flotte de Charles Quint commandée par l'amiral Andrea Doria. Elle s'avance vers le fort de La Goulette, avant-port de Tunis, où s'est enfermé avec ses troupes, Kheir ed Din Pacha, bey d'Alger et amiral de Soliman le Magnifique.
La perte du Penon d’Alger motive Charles Quint pour conquérir des terres «infidèles» dans la perspective de prendre Alger, voire Istanbul. II lance en 1535 l'« expédition de Tunis » à laquelle il participe avec les armées de l'Empire. La prise rapide de Tunis et de son avant-port La Goulette fut fêtée comme un grand succès militaire. Tunis subit un sac épouvantable au cours duquel furent détruits de précieux ouvrages de la bibliothèque. Cette image de victoire devint celle de l’iconographie obligée de Charles Quint qui fit réaliser, dix ans plus tard, douze tapisseries tissées de laine, de soie et d'or. Marie de Hongrie, gouverneurs des Pays-Bas espagnols suivit sa réalisation, commandée à Jan Cornelisz Vermeyen, peintre qui avait accompagné l’empereur dans l'expédition.
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Kheir-ed-Din Barberousse.
XVIe siècle. Galerie des Illustres du château de Beauregard, commandée par Paul Ardier (1543-1638), contrôleur des guerres et trésorier de l'Épargne sous Louis XIII, classée au titre des monuments historiques. Parc et Château de Beauregard, Cellettes (Loir-et-Cher). Arudj et Kheir ed-Din, les deux frères Barberousse sont de redoutables pirates craints à travers toute la Méditerranée. Ils deviennent corsaires au service des sultans ottomans. Après la mort de son frère Arudj, Kheir ed-Din devient à son tour sultan d’Alger et sollicite le rattachement de la ville à l'Empire ottoman. Selim 1er accepte et lui envoie troupes, janissaires et munitions. Il s’illustre ensuite comme amiral de la flotte de Süleyman (Capitan Pacha) lors de la prise de Tunis en 1534.
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Rachat des captifs par les Trinitaires
XVIIe siècle. Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence. Le rachat des captifs par des ordres religieux (Les Trinitaires, les Pères de la Merci) est un devoir de chrétien. Toutefois, en 1610, cette pratique fait l’objet d’un grand débat car elle alimente les caisses d’Alger et développe le marché des esclaves en Méditerranée.
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Médaille. Barbarossa Kheir ed-Din sultan d’Alger (1518-1548)
XVIe siècle. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille. Archives municipales Kheir ed-Din Barberousse succéda à son frère Baba-Arudj (Barberousse) premier sultan d'Alger. Sollicitant le rattachement de la ville à l'Empire, il fut nommé Capitan Pacha de Süleyman et à ce titre remporta plusieurs victoires navales.
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Buste de Caracalla
Sculpteur anonyme Génois. Milieu du XVIIe siècle. Museo di Sant’Agostino, Gênes. La richesse de Gènes aux XVIe et XVIIe siècles se révèle entre autres dans les demeures et palais que se fait construire l'aristocratie : fresques, marbres, sculptures embellissent une architecture grandiose. L'influence de la Rome antique est très présente dans ce buste de Caracalla, inspiré d'un antique du musée Capitolin de Rome. Ce travail d'une main génoise appartient à l'école romaine de l'époque baroque très en vogue au XVIIe siècle.
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Andrea Doria disperse la flotte espagnole devant l’embouchure du Var, le 7 juillet 1524.
Jean Antoine Théodore Gudin 1846. Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. Andrea Doria est encore au service de la France et de François Ier, dont il commande la flotte contre celle de Charles Quint sur les côtes de Provence. Mais il ne lui faudra pas longtemps avant de changer de camp et d'offrir ses services à Charles Quint en 1528 en échange de la liberté de Gênes.
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Nef de La Lomellina.
Maquette à l'échelle 1 /50e, d’après les relevés archéologiques de l’épave effectués par le Groupe de recherche en archéologie navale (GRAN) Roberto Greco, Canav (Cantieri e servizi navali) Gênes, 2016 Mucem, Marseille.
En carénage dans la rade de Villefranche-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes, la Lomellina est surprise le 15 septembre 1516 par une terrible tempête. Plus de 100 hommes d’équipage périssent noyés. La fouille archéologique de l’épave a permis d'avancer dans la connaissance de la construction de ces grandes « naves » de gros tonnage, qui effectuaient des navigations jusque dans les Flandres et l'Angleterre dans le cadre du commerce de l'alun (un minéral permettant de fixer les couleurs à la fibre du tissu). Cette « nave » mesurait 33,80 m de haut, 46,45 m de long et 12 m de large et pouvait accueillir un équipage d’environ 300 personnes. Les fouilles archéologiques ont montré que le navire n’était pas chargé de marchandises, mais armé pour le combat.
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Découvertes lors de la fouille de La Lomellina.
Italie. Vers 1516. Mucem, Marseille. Parmi les objets découverts à bord, certains révèlent un art de vivre raffiné : un pot à pharmacie, une poivrière, un plat en majolique, un clystère.
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Deux pichets.
Italie. Vers 1516. Mucem Marseille. Ces pichets étaient façonnés au tour, émaillés ou glaçurés. L'un des deux est décoré aux armes des Fregoso, doges de Gênes.
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Découvertes lors de la fouille de La Lomellina.
Une poivrière, un clystère.
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Découvertes lors de la fouille de La Lomellina.
Un plat en majolique.
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Découvertes lors de la fouille de La Lomellina.
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Découvertes lors de la fouille de La Lomellina.
Un pot à pharmacie, un plat en majolique, un boulet en pierre..
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Découvertes lors de la fouille de La Lomellina.
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Découvertes lors de la fouille de La Lomellina.
Une poulie.
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Découvertes lors de la fouille de La Lomellina.
Dé à jouer, pions de jeu de dames et d'échec.
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Découvertes lors de la fouille de La Lomellina.
Le navire tient son nom de la famille Lomellini, actionnaire principal du bateau. Ce sont des Génois marchands et armateurs, puis banquiers, au sein d’un réseau d’affaires reliant toutes les places importantes d’Europe à la fin du XIVe siècle. En 1543, Charles Quint leur accorde le monopole de la pêche au corail à Tabarka (Tunisie). Ils occupèrent d’importantes fonctions au sein de la république de Gènes : consul, gouverneur de Corse et doges.
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GÊNES ET LES GRANDES FAMILLES.
Éternelle rivale de Venise, Gênes s’enrichit également du commerce maritime depuis le Moyen Age grâce à ses comptoirs en mer Noire et en Méditerranée orientale. En 1528, Andrea Doria, grand amiral de Charles Quint, en fait une République aristocratique puis sérénissime, gouvernée par des doges élus tous les deux ans. Les grandes familles patriciennes se succèdent au pouvoir : Doria, Lomellini, Pallavicini, Durrazzo... Au XVIe siècle, appelé «le siècle des Génois», la ville connaît son apogée économique (1530-1630). Les Génois anticipent les nouveaux équilibres entre la valeur de l’argent et de l’or venus d’Amérique durant la crise financière de 1550 et s'imposent comme banquiers de l’Espagne, remplaçant alors les Allemands d’Anvers. Richissime, s’entourant d’une imposante muraille, Gênes s’embellit en construisant d’immenses palais. La célèbre phrase de l’écrivain espagnol Francisco de Quevedo (1580-1645) - «L’or naît aux Indes occidentales, meurt en Espagne, est enseveli à Gênes» - traduit bien l’efficace système financier mis en place.
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Vues gravées de Gênes Plans de la ville de Gênes.
Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence Le XVIe siècle est celui où les Génois dominent le commerce et gèrent la richesse en Méditerranée. Négociants et banquiers investissent leurs fortunes en parant la ville de richesses: palais, œuvres d'art, monastères, églises et bâtiments publics, agrandissement et fortification de la ville, développement du port et de l'arsenal. La représentation choisie par les commanditaires privilégie le point de vue depuis le port, élément fondamental au sud, vers la ville encadrée par deux fleuves et couronnée par les collines au nord.
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Vues gravées de Gênes Plans de la ville de Gênes.
Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence Plan de la ville de Gênes.
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Vues gravées de Gênes Plans de la ville de Gênes.
Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence
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Les frontières de France et d’Italie où se trouvent les États du duc de Savoye
Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence Le royaume de France et l’Empire des Habsbourg se disputent des possessions en Italie, la France a des prétentions angevines sur le royaume de Naples puis Milan, qui appartiennent à la couronne d'Espagne. Ceci conduit aux guerres d'Italie (1494-1559). Le duché de Savoie, pris en étau entre les royaumes des Habsbourg et de France, maîtrise dans le même temps les cols et passages vers la Méditerranée. L'alliance des empires avec le Duché est incontournable en même temps que celui-ci est soumis aux conflits.
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Portrait d'Andrea Doria.
XVIIe siècle. Parc et Château de Beauregard, Cellettes (Loir-et-Cher). La famille Doria est l’une des plus anciennes de Gênes. Parmi ses membres les plus illustres, Andrea Doria réforme le gouvernement de Gênes, limitant le dogat à deux années. Grand amiral au commandement des galères de François 1er, il choisit finalement de servir Charles Quint et devient le poufendeur des Ottomans au Maghreb (Tunis, Alger). En 1538, il conduit la bataille de Prévéza et subit son premier échec devant l'amiral ottoman Kheir ed-Din Barberousse.
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Médaille.
Gênes, XVIe siècle. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille, Archives municipales.
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LISBONNE. L’OUVERTURE ATLANTIQUE
Dès le début du XVe siècle, les Portugais explorent les côtes de l’Afrique du Nord pour s’accaparer le commerce de l'or et des esclaves détenu par les marchands musulmans. Mais c’est la recherche d’une nouvelle route vers les Indes qui les pousse à s’aventurer vers le sud. En contournant le cap de Bonne-Espérance, Vasco de Gama rejoint en 1497 l’océan Indien et ses îles à épices. De leur côté, les Espagnols financent le Génois Christophe Colomb pour chercher une route des épices transatlantique concurrentielle. Au début du XVIe siècle, le roi du Portugal envoie Francisco de Almeida puis Afonso de Albuquerque pour gouverner les Indes portugaises et conquérir les îles qui permettent l’ouverture vers les Moluques et Malacca. En s’emparant de ces lieux stratégiques du commerce des épices (poivre, clou de girofle, noix de muscade), les Portugais s’assurent du monopole des échanges avec les principautés musulmanes d’Indonésie. Dans un nouveau monde, qui voit son espace doublé au-delà des mers et des océans, le Portugal perd de sa puissance et son autonomie quand Philippe II hérite de la couronne en 1580. Au siècle suivant, le Portugal se concentre sur l’Atlantique, concurrencé en Méditerranée par la Compagnie hollandaise des Indes orientales, créée en 1602.
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Écus d'or et d’argent à l'effigie de Philippe II et Philippe III.
XVIe-XVIIe siècles. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales Suite aux conquêtes espagnoles, l'or et l'argent du Nouveau Monde arrivent en masse à Séville dont les ateliers monétaires (reconnaissables à l’inscription du «S» sur la monnaie) frappent la célèbre piastre d’argent de huit réaux ainsi que les doubles-écus en or de Philippe II et Philippe III.
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Écus d'or et d’argent à l'effigie de Philippe II et Philippe III.
XVIe-XVIIe siècles. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales Suite aux conquêtes espagnoles, l'or et l'argent du Nouveau Monde arrivent en masse à Séville dont les ateliers monétaires (reconnaissables à l’inscription du «S» sur la monnaie) frappent la célèbre piastre d’argent de huit réaux ainsi que les doubles-écus en or de Philippe II et Philippe III.
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Écus d'or et d’argent à l'effigie de Philippe II et Philippe III.
XVIe-XVIIe siècles. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales Suite aux conquêtes espagnoles, l'or et l'argent du Nouveau Monde arrivent en masse à Séville dont les ateliers monétaires (reconnaissables à l’inscription du «S» sur la monnaie) frappent la célèbre piastre d’argent de huit réaux ainsi que les doubles-écus en or de Philippe II et Philippe III.
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Écus d'or et d’argent à l'effigie de Philippe II et Philippe III.
XVIe-XVIIe siècles. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales Suite aux conquêtes espagnoles, l'or et l'argent du Nouveau Monde arrivent en masse à Séville dont les ateliers monétaires (reconnaissables à l’inscription du «S» sur la monnaie) frappent la célèbre piastre d’argent de huit réaux ainsi que les doubles-écus en or de Philippe II et Philippe III.
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Médaille commémorative Vasco de Gama 400e anniversaire 1498-1898.
Musée royal de Mariemont Belgique. C’est la vertu des médailles commémoratives que de «rattraper» les oublis de l'histoire. Tout comme Christophe Colomb, le souvenir des hauts faits de Vasco de Gama ne fut célébré que 400 ans plus tard, pour commémorer l’arrivée de ses bateaux en Inde (1498) après le contournement du Cap de Bonne-Espérance.
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Pièce d’armes représentant une nef : usage décoratif, de façade.
XVIe siècle. Museu de Lisboa. Lisbonne.
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Vasco de Gama, médaillon.
Francisco Alberto Cutileiro. Lisbonne. XXe siècle. Museu de Lisboa. Lisbonne. L’original de ce médaillon se trouve au monastère de Belém. Navigateur portugais mandaté par Manuel Ier, roi de Portugal, Vasco de Gama a initié la routa maritime vers les Indes orientales via la sud de l'Afrique et la contournement du cap de Bonne Espérance (1498). Héros du poème de Luis de Camoens. « Les Lutsades », il participe de la construction de la gloire épique de l'Empire du Portugal.
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Croix en azulejos.
Couvent de Coimbra 1500-1550. Museu Nacional do Azulejo, Lisbonne. Les azulejos décorent les façades des bâtiments portugais. Le terme vient de l'arabe « al-zulaydj» (zellige) désignant la pierre polie - et non du mot arabo-perse « lazould», désignant le lapis-lazuli de couleur bleue.
102
Décor floral, camélias et pivoines, inspiré de l'art chinois.
Ensemble d'azulejos. XVIe siècle. Museu Nacional do Azulejo, Lisbonne.
103
Décor d’origine espagnole ou flamande
Ensemble d'azulejos. XVIe siècle. Museu Nacional do Azulejo, Lisbonne.
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Décor inspiré de l'art flamande.
Ensemble d'azulejos. XVIe siècle. Museu Nacional do Azulejo, Lisbonne.
105
Décor d’inspiration islamique adaptée au goût portugais.
Ensemble d'azulejos. XVIe siècle. Museu Nacional do Azulejo, Lisbonne.
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Décor d’esthétique gothique. Décor d'inspiration islamique traditionnelle : technique de lustre à reflets métalliques dorés.
Ensemble d'azulejos. XVIe siècle. Museu Nacional do Azulejo, Lisbonne.
107
Décor de la Renaissance, production portugaise.
Ensemble d'azulejos. XVIe siècle. Museu Nacional do Azulejo, Lisbonne.
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Décor d'inspiration libre, produit à Séville pour le palais de Sintra, adapté aux jardins.
Ensemble d'azulejos. XVIe siècle. Museu Nacional do Azulejo, Lisbonne.
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Décor d'inspiration islamique traditionnelle technique de la corde sèche.
Ensemble d'azulejos. XVIe siècle. Museu Nacional do Azulejo, Lisbonne.
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Ensemble de céramiques et porcelaines.
Cité de la céramique. Musée national de la Céramique. Sèvres La qualité et la technique de la porcelaine chinoise ont fasciné autant les Ottomans que les Européens. Dès 1575, les Médicis ont développé à Florence une production de porcelaine. Les manufactures chinoises de Jindezhen (au XVIe siècle, 10 000 personnes y produisent 100 000 pièces par an) exportent en Europe des productions « Bleu et blanc » sous les Ming tandis que des fours de Dehua sortent les « Blancs de Chine » de Guan Yin, représentation bouddhique de la Compassion, assimilée à la Vierge Marie. Les pays d’Europe appréciaient la porcelaine des Quing, «familles vertes» et décors végétaux et commandaient aux manufactures chinoises de la vaisselle occidentale appelée «production de la Compagnie des Indes», au motif qu’elle la transportait. À la fin du XVIIe siècle et au début XVIIIe siècle une production particulière « à la chinoise » se développa dans les faïenceries françaises de Nevers, Rouen et Sinceny.
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Blancs de Chine Statuette Guan Yin Dehua. XVIIe siècle.
Tasse sur-décorée aux armes des Médicis et décor peint. Dehua et Florence, XVIIe siècle.
Décor végétal Assiettes Jindezhen, XVIIe-XVIIIe siècle.
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Décor végétal Assiettes Jindezhen, XVIIe-XVIIIe siècle.
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Décors blanc et bleu
Bouteille, gargoulette à bec bulbe, encrier, verseuse couverte Jindezhen, XVIe-XVIIe siècle
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Décors blanc et bleu
Encrier, verseuse couverte Jindezhen, XVIe-XVIIe siècle
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Faïence de Delft.
Cruche Kan, XVIIIe siècle.
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Faïenceries françaises.
Nevers : Aiguière, XVIIe siècle. Nevers : Bouteille, XVIIIe siècle.
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Faïenceries françaises.
Sinceny : Jatte polychrome, 1749. Rouen : Assiette à décor de trois chinois dans un jardin, XVIIIe siècle.
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Les vice-rois des Indes portugaises
D. Francisco de Almeida fut le premier vice-roi des Indes portugaises entre 1505 et 1509, nommé par le roi Manuel Ier ; il combattit les musulmans pour assurer la colonisation portugaise. Lorsque Afonso de Albuquerque, second vice-roi des Indes se présenta à sa succession, il refusa de le reconnaître et le fit emprisonner. Confirmé par le roi du Portugal, il développa une politique très diplomatique, permettant l’expansion coloniale sur fond de mariage mixtes et d’échanges commerciaux. Il prit Goa en 1510 et Malacca en 1511, assurant aux Portugais l'exclusivité du commerce de la soie et des épices.
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Premier vice-roi des Indes D. Francisco de Almeida, de 1505 à 1509
Francisco Alberto Cutiteiro. Lisbonne, 1966. Museu de Lisboa. Lisbonne
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Second vice-roi des Indes. D. Afonso de Albuquerque, de 1509 à 1515
Francisco Alberto Cutiteiro. Lisbonne, 1966. Museu de Lisboa. Lisbonne
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Poids et mesures
XVIIe siècle Museu de Lisboa, Lisbonne.
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Poids et mesures
XVIIe siècle Museu de Lisboa, Lisbonne.
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Poids et mesures
XVIIe siècle Museu de Lisboa, Lisbonne.
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Ensemble d'objets archéologiques provenant de la Casa dos Bicos à Lisbonne (résidence de la famille Bràs de Albuquerque)
Ce palais fut bâti pour Bràs de Albuquerque, fils d'Afonso Albuquerque, vice-roi des indes portugaises de 1509 à 1515. La maison fut occupée par cette famille du XVIe au XVIIIe siècle. Des fouilles archéologiques récentes ont permis de découvrir des objets de ces époques et témoignant d’importations orientales dans le goût et la richesse du temps, dont cet ensemble de verreries. Leur état indique qu’ils étaient utilisés, témoignant ainsi du quotidien dans un palais de riche famille portugaise coloniale de l’époque.
Objets de la vie domestique : quatre bouteilles de parfums, un encrier.
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Ensemble d'objets archéologiques provenant de la Casa dos Bicos à Lisbonne (résidence de la famille Bràs de Albuquerque)
Objets de la vie domestique : un encrier, un pichet, une bouteille pour la conservation du vin.
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Ensemble d'objets archéologiques provenant de la Casa dos Bicos à Lisbonne (résidence de la famille Bràs de Albuquerque)
Clous de girofle de La Réunion. Echantillons de poivre long de Madagascar. Faculté des sciences de Saint-Charles Aix-Marseille université. Pot d'herboriste noix de muscade. Sarreguemines, 1900 Mucem, Marseille.
Clous de girofle, poivre long de Madagascar et noix de muscade sont les trésors pour lesquels la recherche des routes maritimes transatlantiques et par le sud de l'Afrique se sont développées et ont conduit à l'ouverture du monde.
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Ensemble d'objets archéologiques provenant de la Casa dos Bicos à Lisbonne (résidence de la famille Bràs de Albuquerque)
Pot chinois à couvercle. Chine. XVIIe siècle.
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Carte des îles Canaries avec l’isle de Madère et celle de Porto Santo.
Dressée par Rigobert Bonne. Gravée par André. Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence. Les Canaries et Madère font l’objet de convoitises des Espagnols et Portugais sur les routes transatlantiques. Les Canaries échoient aux Espagnols et Madère aux Portugais qui la colonisent dès 1425 : ils y développent la culture de la canne sucre qui prospère rapidement. Les acteurs du commerce du sucre en Méditerranée sont les Génois, en particulier les Lomellini qui allient ce commerce à celui des cuirs du Maroc, de la soie et du thon salé.
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L’ouverture au monde
Lisbonne sur le Tage et sur l'Atlantique est, dès le XVIe siècle, une ville de 350 000 habitants. Elle est à la tête d’un empire colonial mondial depuis les nouvelles routes maritimes ouvertes en 1499 par Vasco de Gama vers le monde des épices. Lisboa, Georg Braun. 1572 Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence ; Lisabona Munster, vers 1500 ; Lisbona, vue de Lisbonne au XVIe siècle Matthäus Seutter (graveur), vers 1750 ; Lissbona, vue de Lisbonne au XVIe siècle (vue inversée), Probst, vers 1750 ; Lisboa en 1650 1801.
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Carte de l’Asie.
Johannes Janssonius et Hendrik Hondius, cartographes, graveurs et éditeurs, actifs à Amsterdam au milieu du XVIIe siècle. Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence.
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SEVILLE ET LE COMMERCE IMPERIAL ESPAGNOL.
Abritée en bordure du Guadalquivir vers la façade atlantique, Séville, déjà bien positionnée sur la route maritime des Flandres, devient le port officiel des expéditions de la Nouvelle-Espagne. Dès le début du XVIe siècle, les mines d'argent et d’or de Colombie, du Pérou et du Mexique sont exploitées grâce au travail des esclaves amérindiens puis africains. Importés à la demande de Charles Quint et acheminés jusqu’à Séville par la flotte des Indes, ces métaux précieux transitent ensuite en Europe via la «Casa de Contrataciôn», créée en 1503 à Séville pour taxer les produits exportés ou importés du Nouveau Monde (le Quinto Real). Mais le Trésor royal vit surtout d’emprunts, consentis à des taux élevés par des banquiers marchands: les Fugger d’Augsbourg, qui financent l’élection de Charles Quint, puis les Génois et leurs foires de change. Cette pratique n’est pas sans provoquer plusieurs banqueroutes, dont celle de 1557, à laquelle les banquiers Génois résistent. Le commerce des Indes est la raison d’être des Génois à Séville. Présents dans la ville depuis la Reconquista, ils y jouent un rôle commercial et capitalistique majeur. Les grandes familles y sont présentes: Centurione, Doria, Grimaldi, Lomellini, Pallavicini, Pinello, Spinola...
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Place San Francisco, le Palais de l'Ayuntamiento à Séville.
Jean-Baptiste Achille Zo, Bayonne, 1865. Musée des Beaux-Arts de Marseille. Le palais de l'Ayuntamiento, hôtel de ville de Séville, fut programmé à l'occasion du mariage de Chartes Quint avec sa cousine Isabelle de Portugal. Construit à partir de 1521 par les architectes
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Les ports stratégiques de l'empire des Habsbourg au Nouveau Monde.
Séville, port principal de l'arrivée des métaux précieux du Nouveau Monde, est située sur le Guadalquivir et débouche sur l'Atlantique. Bien protégé, le port reçoit jusqu'au milieu du XVIe siècle les nombreux galions. Enrichie par ce commerce, elle est parée de bâtiments symboliques telle la Bourse La puissance des galions et leur tirant d’eau ainsi que l'effet des alluvions encombrant le port de Séville aboutissent à privilégier le port de Cadix comme avant-port, puis à partir de 1680, à considérer Cadix comme le port d’arrivée des flottes de retour d'Amérique. Malaga, située sur la Méditerranée, joue le même rôle que Séville sur ordre de Charles Quint à partir de 1529 et développe son commerce avec l'Atlantique. Panoramas de Séville, Cadix, Malaga Georg Braun, 1572 Chambre de Commerce et d’industrie Marseille Provence
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Vue d'optique du port de Cadix vers l’orient
Leizelt, vers 1600. Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence.
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Vue Perspective de la Bourse et de la Grand-Rue de Séville
Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence.
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Gravures. Chambre de Commerce et d'Industrie Marseille Provence.
A gauche : Sultan Mustafa ; Haly Acha Général des janissaires. 1422 ; Janissaire. Les janissaires forment un ordre militaire puissant composé de jeunes chrétiens esclaves, enlevés ou achetés, renégats convertis et totalement dévoués au sultan Élite influente de l’armée ottomane, ils se virent confiés des postes politiques importants. Leur chef suprême d’État-major était l’Aga des janissaires. Parce qu’ils géraient les successions des sultans, les janissaires intervenaient directement, comme avec le Sultan Mustapha qu’ils mirent sur le trône en 1622 et démirent en 1623.
A droite : Eumenia, épouse du Sultan Mehmet IV. XVIIe siècle. Originaire de Crète, possession vénitienne, capturée en 1647 par les Ottomans pendant la guerre de Candie, elle fut faite esclave à Istanbul et acquise pour le harem du sultan Mehmet IV. Elle devint son épouse, influente, et mère de deux fils qui régnèrent : Mustafa II et Ahmet III ; Drogman. XIXe siècle. Les drogmans, du terme arabe « tordjman», qui signifie «traducteur», étaient les interprètes au service des échanges entre Européens et Ottomans. Cette fonction très ancienne fit l'objet, en 1669, de la création par Colbert de l'École des jeunes de langue à Istanbul ; Femme juive avec vue de ville. Juifs et Morisques furent expulsés de la péninsule Ibérique après la reconquête du royaume par Isabelle la Catholique. Les processus furent longs et divers, certaines familles restant sur place et optant pour la conversion, d'autres partant vers l'Afrique du Nord et l'Empire ottoman. Les sultans favorisent l’accueil des Juifs, les sachant dynamiques dans le grand commerce et la finance. Ces mesures sont favorisées par le statut de « dhimmi» dispositif du droit musulman permettant de reconnaître un non musulman dans un état musulman et de le protéger dans l’exercice de sa foi. En conséquence, les Juifs pratiquent leur religion dans leurs lieux de culte, sous la protection du Sultan.
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Livre de monnaies étrangères. 1685. Balance et accessoires. XVIIIe siècle.
Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales.
139
Livre de monnaies étrangères. 1685.
Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales.
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Poids des Monnaies. XVIIIe siècle.
Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales.
141
Balance et accessoires. XVIIIe siècle.
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Coffret
Italie. XVIe - XVIIe siècles. Mucem, Marseille. Les villes battent monnaie séparément, les systèmes de conversion et de change sont nécessaires pour développer l’économie: on consulte des livres de monnaies étrangères pour connaître les équivalences monétaires des devises entre pays. Si le système bancaire se développe avec les lettres de change et de reconnaissances de dettes, les monnaies d’or et d’argent restent toutefois précieuses : on les met à l’abri dans des grands coffres ou des coffrets portatifs.
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Le Trésor de l'avare
Flandres. XVIIe siècle. Musée des Beaux-Arts de Valenciennes. Ce tableau, également intitulé Nature morte de l'homme riche, représente au premier plan un ensemble de richesses accumulées - écus d’or, lettres de reconnaissance de dettes, bourses -, tandis qu’au second plan se dresse un personnage épouvanté, dans un décor de richesses renversées, visité par des petits démons. Cette scène évoque la condamnation du prêt à intérêt par l’Église. La suppression de l’interdiction du prêt à intérêt, mesure favorisée par les pays protestants, voit croître le rôle financier d'Amsterdam et de Londres dans une période d’épanouissement économique des Flandres. Mais l’Église catholique continue de t'interdire en le qualifiant d’usure, et le voue aux pires sanctions apocalyptiques.
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LA FRANCE ENTRE DEUX EMPIRES
Entre les deux empires qui occupent la Méditerranée, la France n'a pas pu trouver sa place. Candidat malheureux à la tête du Saint Empire romain germanique, François 1er lutte contre les Habsbourg qui encerclent son royaume et avec lesquels il se dispute le duché de Milan. Après sa défaite à Pavie en 1525 et son emprisonnement à Madrid, il signe une «alliance impie» avec Süleyman. La flotte turque stationne alors dans les ports de Marseille et de Toulon. En 1559, le traité de Cateau-Cambrésis apaise les relations entre la France et les Habsbourg, puis le traité de Vervins (1598) conforte la paix entre les deux puissances. Henri IV poursuit cependant l’alliance avec l’Empire ottoman, favorable au commerce français en Méditerranée. Ce n’est qu'avec Louis XIII et son ministre Richelieu, puis avec Louis XIV, qu’une véritable politique maritime est développée par l'État français, aussi bien sur la façade atlantique que sur la façade méditerranéenne. Louis XIV fait mine de se joindre aux Habsbourg, avec lesquels il est parent, mais il incite en réalité ses alliés ottomans à les combattre afin de développer sa propre stratégie expansionniste.
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Signature du traité de Vervins, le 2 mai 1598
Claude Gillot 1837. Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. Le traité de paix de Vervins, signé en 1598 entre Philippe II d'Espagne et Henri IV de France confirme les dispositions de traité de Cateau-Cambresis (1519) : chacun restitue ses territoires. Après les tentatives de Philippe II de se présenter comme le défenseur du catholicisme, il avait tenté de mettre sa fille Isabelle sur le trône de France. Mais le sacre d'Henri IV mit fin à ces prétentions et le traité de paix entérina cet échec espagnol.
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Réparation faite au roi Louis XIV par le doge de Gênes le 15 mai 1685.
Claude Guy Hallé Vers 1710. Musée des Beaux-Arts de Marseille. En 1684. Louis XIV bombarde Gênes pour la punir d'avoir fourni des galères à l'Espagne, sa grande rivale. Le doge de Gênes Francesco Maria Impériale Lercaro dut venir en personne présenter ses excuses à Versailles, en 1685.
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Portrait d'Élisabeth de Valois.
Reine d'Espagne. XVIe siècle. Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. Aussi appelée Élisabeth de France, Isabelle de Valois est la fille du roi de France Henri II et de Catherine de Médicis. Épouse de Philippe II d’Espagne, elle est à ce titre reine consort d'Espagne, de Sicile et de Naples, duchesse de Bourgogne, de Milan, de Brabant, de Luxembourg et de Limbourg, comtesse consort de Flandre et comtesse palatine de Bourgogne.
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Médailles officielles éditées à la demande de Louis XIV.
Paris. XVIIe siècle. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales. Ces médailles sont destinées à diffuser les victoires et hauts-faits d’armes de Louis XIV. Elles témoignent principalement de la volonté du monarque d'implanter et de faire connaître sa politique en Méditerranée comme d’affirmer son pouvoir sur les mers: conquête de Marseille en 1660, construction de l’Arsenal des galères en 1688, ouverture du Canal des Deux-Mers en 1667, bombardement d’Alger en 1683, bombardement de Gênes en 1684 et défaite de Smyrne en 1693.
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Médailles officielles éditées à la demande de Louis XIV.
Paris. XVIIe siècle. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales. Conquête de Marseille en 1660, construction de l’Arsenal des galères en 1688.
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Médailles officielles éditées à la demande de Louis XIV.
Paris. XVIIe siècle. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales. Ouverture du Canal des Deux-Mers en 1667.
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Médailles officielles éditées à la demande de Louis XIV.
Paris. XVIIe siècle. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales. Bombardement d’Alger en 1683.
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Médailles officielles éditées à la demande de Louis XIV.
Paris. XVIIe siècle. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales. Bombardement de Gênes en 1684.
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Médailles officielles éditées à la demande de Louis XIV.
Paris. XVIIe siècle. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille Archives municipales. Défaite de Smyrne en 1693.
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Le doge Giacomo Durazzo reçoit Don Juan d'Autriche au Palais des Doges.
Lazzaro Tavarone (1556-1641) ou Bernardo Casteilo (1557-1629). Vers 1585. Museo di Sant'Agostino, Gênes. Fresque provenant de la Villa d’Agostino Durazzo, fils du Doge Giacomo Durazzo Le doge Giacomo Durazzo (1573-1575) en manteau de velours pourpre, matière et couleur symbolisant pouvoir et richesse est entouré des membres du Grand Conseil en toges noires, il accueille Don Juan d'Autriche, fils de Charles Quint, demi-frère de Philippe II et vainqueur de la bataille de Lépante (1571). Sa venue à Gênes témoigne des étroites relations qui lient la cité ligure au royaume des Habsbourg.
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Nef catalane vers 1450.
Marty. France, 1974. Chambre de Commerce et d'industrie Marseille Provence. Aux XVIe et XVIe siècles, la circulation des biens et des hommes se fait essentiellement par la mer. La nef existe depuis le Moyen Âge. C'est un bateau à coque ronde, munie de châteaux à l’avant et à l'arrière et permettant le transport de lourdes charges.
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Galion espagnol du XVIIe siècle.
Marty. France, 1974. Chambre de Commerce et d'industrie Marseille Provence. Le galion est un grand navire à voiles et à plusieurs ponts que les Espagnols ont développé pour assurer les traversées transocéaniques. Remplis des métaux précieux en provenance du Nouveau Monde, ils naviguent en escorte afin de résister aux attaques des corsaires.
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LA PART DES JESUITES : «ALLEZ ET ENFLAMMEZ LE MONDE.»
À partir du XVIe siècle, des missionnaires catholiques débarquent en Inde dans le sillage des bateaux de commerce portugais. Franciscains, Dominicains et surtout Jésuites sont sur le terrain. La compagnie de Jésus, fondée par Ignace de Loyola en 1540, regroupe de grands érudits issus de toute l’Europe. L’Asie du sud (Inde, Chine, Japon) fascine les Jésuites. Pour convertir les populations des puissantes civilisations rencontrées, ils développent leur évangélisation en s'appuyant sur les cultures locales (« inculturation »). Depuis Goa, où ils débarquent en 1542, François Xavier et les Jésuites approchent les autorités par le biais des échanges marchands et séduisent les élites par leurs savoirs et les biens précieux qu’ils apportent. Au Japon, arrivés avec les Portugais, les Jésuites convertissent plusieurs chefs de guerre, dont celui de Nagasaki qui offre le port à la compagnie de Jésus contre des bénéfices commerciaux. Le christianisme progresse de telle manière qu’en 1582, Valignano, visiteur des missionnaires jésuites, met en place une ambassade composée de quatre Japonais chrétiens qui rendent visite au Pape à Rome et à Philippe II. Mais leur influence devient une menace grandissante pour le pouvoir impérial : l’empereur Toyotomi rompt la politique de tolérance de son prédécesseur, expulse les missionnaires dès 1587 et engage la persécution des chrétiens en 1597.
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L'évangélisation du Japon.
Lorsque les Portugais arrivent au Japon le christianisme fait rapidement d’importants progrès, ce qui inquiète tes seigneurs japonais. Une succession d’interdictions puis de persécutions s’abattent sur les « Kirishitan » japonais. Le plus connu est le martyre de vingt-six Japonais chrétiens à Nagasaki en 1597. Parmi eux trois Jésuites : San Juan Soan de Goto, San Pablo Miki et San Diego Kisai. Crucifiés puis béatifiés en 1627, ils sont vénérés comme saints-martyrs. Ces œuvres furent exécutées par Juan Martinez Montanes et Juan de Mesa, grands maîtres sévillans du baroque réaliste pour la Casa Profesa des Jésuites de Séville. Ces sculptures étaient sorties en procession lors de la Semaine sainte de Séville.
San Pablo Miki et San Juan Soan de Goto. Museo de Bellas Artes de Sevilla, Séville. Juan de Mesa Séville.
San Diego Kisai, Juan Martinez Montanés Séville. Vers 1627. Museo de Bellas Artes de Sevilla, Séville.
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Les Réductions du Paraguay en 1586-1767
Antoine-Dominique Magaud 1861. Musée des Beaux-Arts de Marseille. Les réductions du Paraguay, scène commandée pour le Cercle religieux de Marseille est en lien direct avec la méthode des Jésuites. En réponse à la pratique de l'« encomienda », esclavage des Indiens, les Jésuites inventent les « réductions » : appliquée spécifiquement aux Indiens Guarani à partir de 1607. L'expérience des « réductions », villages organisés autour de l'église et de l'école, est un système qui permettait à la fois la sédentarisation, le contrôle et la protection des Indiens.
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Les Triomphes chrétiens des Martyrs du Japon
Nicolas Trigault 1623. Bibliothèque du Centre Sèvres. Facultés jésuites de Paris. Suite aux missions jésuites en Asie, de nombreuses publications sont éditées qui racontent la vie des missionnaires et décrivent les mœurs et pratiques des pays à évangéliser. Ces ouvrages illustrent prioritairement les Martyres de Nagasaki au Japon en 1597 et en 1622.
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Lettres édifiantes et curieuses écrites des Missions étrangères
1780-1783
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Ecritoire espagnol.
Espagne, Aragon. Bois de noyer et pin. Première moitié du XVIe siècle (1500-1550). Museo Lazaro Galdiano, Madrid, Espagne. Ce type de mobilier - le plus authentiquement espagnol -, remonte au XVe siècle lorsque les officiers ont imaginé une sorte de bureau plus commode que les coffres habituels.
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Santa Rosa de Lima.
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Santa Rosa de Lima.
Philippines XVIIe siècle. Museo de Belles Artes de Sevilla Séville. La statuette en ivoire représente Santa Rosa de Lima en martyre, sainte patronne du Pérou et des Philippines canonisée en 1671. Oliva-Rosa souhaitait être nonne contre le gré de son père et mourut à 31 ans en 1617. Enterrée à la cathédrale de Lima, elle est la première personne du Nouveau Monde à être canonisée. La volonté des papes de canoniser ces nouveaux chrétiens démontre leur volonté d’élargir au monde la sphère d’influence de l’église catholique.
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Reliquaires pendentifs et bas-relief.
Espagne XVIIe siècle. Mucem, Marseille.
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Reliquaires pendentifs et bas-relief.
Espagne XVIIe siècle. Mucem, Marseille.
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Maquettes représentant l'église du Saint-Sépulcre et autres lieux de pèlerinage.
Jérusalem. XVIIe siècle. Bois d'olivier Incrusté de nacre et d ivoire. Mucem, Marseille. Cet ensemble représente soit des parties de cette église soit d'autres lieux de pèlerinage chrétiens. Ces objets souvenirs destinés aux pèlerins de Jérusalem étaient produits dans des ateliers placés sous l’égide des Franciscains. La diffusion de ces objets atteste du pouvoir politique du pape y compris en Méditerranée orientale, au point même que les sultans ottomans continuent d’accorder aux Franciscains le droit d'être les gardiens de ces lieux saints.
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Plan d'Amsterdam (Amsterlodamum) j extrait d'« Urbium praecipuarum »
Georg Braun 1572 Chambre de Commerce et d'Industrie Marseille Provence. Les Pays-Bas Méridionaux, territoires de 1'empire Habsbourg, connaissent un conflit religieux au XVIe siècle: sensible aux thèses de Luther, une partie de la population se rebelle contre l'intolérant Philippe II - lequel met en place une Inquisition. Les Protestants décident une scission qui aboutit à la partition de la Flandre et à la création des Sept Provinces-Unies, auxquelles appartient Amsterdam. Symbole de tolérance religieuse, la ville accueille de nombreux migrants, Juifs d’Espagne et du Portugal, ou protestants des Flandres, ce qui contribue à enrichir la ville au détriment d’Anvers. Place banquière florissante, Amsterdam s’enrichit davantage au XVIIe siècle, grâce à sa maîtrise de la Compagnie des Indes qui rapporte les épices des Moluques.
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Ensemble d’objets de la vie quotidienne à la cour dans les pays des Habsbourg du nord : anciens Pays-Bas, Flandres, Empire germanique
Fin du XVe- début du XVIe siècle Musée royal de Mariemont. Belgique.
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Ensemble d’objets de la vie quotidienne à la cour dans les pays des Habsbourg du nord : anciens Pays-Bas, Flandres, Empire germanique
Fin du XVe- début du XVIe siècle Musée royal de Mariemont. Belgique.
Elément de décoration d'un lustre.
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Ensemble d’objets de la vie quotidienne à la cour dans les pays des Habsbourg du nord : anciens Pays-Bas, Flandres, Empire germanique
Fin du XVe- début du XVIe siècle Musée royal de Mariemont. Belgique.
Statuette de Saint Jacques le Majeur
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Ensemble d’objets de la vie quotidienne à la cour dans les pays des Habsbourg du nord : anciens Pays-Bas, Flandres, Empire germanique
Fin du XVe- début du XVIe siècle Musée royal de Mariemont. Belgique.
Plat à offrande orné de la scène de l'Annonciation. Nuremberg (?).
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Ensemble d’objets de la vie quotidienne à la cour dans les pays des Habsbourg du nord : anciens Pays-Bas, Flandres, Empire germanique
Fin du XVe- début du XVIe siècle Musée royal de Mariemont. Belgique.
Mortier portant l’inscription : « Maria Anna Anno Domini ». 1542. 27,5 kg.
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Thaler de Léopold Ier de Habsbourg, empereur d'Autriche
1691. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille. Archives municipales Le thaler, monnaie d’argent diffusée partout en Europe, est emblématique du Saint-Empire romain germanique. L’argent de ces monnaies provient des mines d’Europe centrale, alors que l’argent et l’or des monnaies émises par les Habsbourg d’Espagne proviennent du Nouveau Monde. Ce thaler (à l'origine du mot dollar), à l'effigie de Léopold 1er de Habsbourg portant le collier de la Toison d’or témoigne de sa tentative de reconstruire, par le développement industriel notamment, le nord de l'empire après la guerre de Trente Ans.
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Ensemble d’objets de la vie quotidienne à la cour dans les pays des Habsbourg du nord : anciens Pays-Bas, Flandres, Empire germanique
Carreau de poêle avec allégorie de la Terre tenant une corne d’Abondance.
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Isabelle-Claire-Eugénie de Habsbourg, Infante d’Espagne. (1566-1633).
Frans II Pourbus dit Le jeune. Vers 1605. Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. Sur les 8 enfants que Philippe II eut avec ses 4 épouses, Isabelle-Claire-Eugénie fut sa préférée. Fille de son union avec sa 3e épouse Elisabeth de Valois, elle fut initiée à la politique dans la perspective de régner sur le royaume de France alors que son demi-frère le futur Philippe III, fils d’Anne d’Autriche, 4e épouse, serait appelé à régner sur l’Espagne. Le projet français n’ayant pu aboutir, peu avant sa mort (1598), Philippe II maria Isabelle à son cousin Albert, archiduc d’Autriche avec lequel elle régna sur les Pays-Bas méridionaux - jusqu’à sa mort -, dans la paix et la prospérité, animant à Bruxelles une cour brillante dont Rubens fut l’artiste attitré. En 1621, Philippe III décède et Albert meurt sans héritier : les Pays-Bas méridionaux et la Flandre reviennent à la cour d’Espagne dont Philippe IV, neveu d’Isabelle, devient roi.
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Philippe III d'Espagne.
Juan Pantoja de la Cruz, (Valladolid 1553-Madrid 1608), vers 1591. Huile sur toile. Museo Lazaro Galdiano, Madrid. Espagne. Philippe III, ici âgé de 13 ans, en costume de cour, porte le pendentif de ta Toison d'or, fondé par le duc de Bourgogne transmis aux Habsbourg via Charles Quint. Philippe III est le 4e fils de Philippe II et d’Anne d’Autriche. De santé fragile, peu attiré par le pouvoir, il laissa ses favoris gouverner le royaume recouvrant alors l’Espagne, Naples, la Sicile et le Portugal. Le déclin politique et économique des Habsbourg s’accentua sous son règne en raison du tarissement des richesses d’Amérique et de la banqueroute d’Espagne. À sa mort, son fils Philippe IV lui succède. Malgré un règne long assombri par les guerres avec les Provinces-Unies, éclairé par une politique culturelle brillante, le royaume d'Espagne est en voie d’extinction. La pratique des mariages consanguins - Philippe IV avait épousé sa nièce - amena sur le trône Charles II, enfant épileptique et stérile. À sa mort en 1700, s’éteignait la branche espagnole des Habsbourg.
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Hernando de Alarcon.
Huile sur toile. Anonyme, école espagnole, à la manière du Titien, vers 1550. Museo Lazaro Galdiano, Madrid, Espagne. Membre de la noblesse espagnole, Hernando de Alarcon (1466-1540) embrassa une carrière militaire au service du royaume d’Espagne. Il participa à la reconquête du royaume de Grenade sous le règne d’Isabelle la Catholique, puis aux guerres d’Italie ainsi qu’à la prise de Tunis sous Charles Quint. Hernando de Alarcon, ici en armure, est très représentatif de ces vieilles familles fidèles dont s'est entouré Charles Quint et qui caractérisent le siècle d’or espagnol au sein de l’Empire des Habsbourg.
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Carreaux, décors de palais, Écu.
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Carreaux, décors de palais influence stylistique Habsbourg.
Espagne XVIe siècle. Museo de Belles Artes de Sevilla, Séville et Cité de la céramique, musée national de la céramique, Sèvres.
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Ensemble de carreaux formant blason du duc Alcala, vice-roi de Naples pour Philippe II.
Séville. XVIe siècle. Museo de Belles Artes de Sevilla, Séville. Au XVIe siècle, Naples connaît une forte croissance économique et démographique (c'est la seconde ville la plus peuplée de la Méditerranée après Istanbul). Le royaume de Naples, le plus important des domaines espagnols, est soumis au pouvoir personnel du roi d’Espagne, représenté par un vice-roi, émissaire de la politique de Madrid. Le règne du vice-roi D. Parafan de Rivera, duc d’Alcala, fut particulièrement bénéfique pour Naples : il réussit à temporiser les ardeurs religieuses de Philippe II et à lui faire renoncer (en 1565) à y établir l'Inquisition. Il jugula la propagation de la peste et s'attacha à moderniser la ville.
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Écu de Charles Ier d'Espagne et Jeanne de Castille
Écu frappé dans les ateliers de Séville. Cabinet des Monnaies et Médailles de Marseille. Archives municipales. Malgré l'aspect discontinu de l'Empire des Habsbourg, Charles Quint arrive à créer une monnaie d'or alignée sur te système des monnaies locales au nom de l'Empire espagnol. Cet écu a été frappé dans les ateliers de Séville et fait partie du trésor de Baumugnes découvert en 1994.
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Héritages bourguignons et Pays-Bas espagnols.
XVIe-XVIIe siècles. Musée royal de Mariemont, Belgique. Les sauneries des Salins (exploitation du sel) des Ducs de Bourgogne passent par héritage en mains Habsbourg. Marie de Hongrie gouverne les Pays-Bas au nom de son frère Charles Quint (1531-1555). La réforme protestante contre le pouvoir catholique de Philippe II conduit à la scission des Pays-Bas bourguignons et à la création de la république des sept Provinces-Unies : la prise de Grave et le siège d'Ostende, bastion protestant, sont commémorés par des médailles
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Héritages bourguignons et Pays-Bas espagnols.
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Héritages bourguignons et Pays-Bas espagnols.
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LA FIN D’UN EMPIRE
L'Empire des Habsbourg est constitué de pays et de régions agrégés sur te Saint Empire romain germanique par les héritages, les mariages ou les conquêtes. Il ne présenta jamais une unité de territoires, mais plutôt un ensemble immense de possessions sur lequel « le soleil ne se couche jamais ». Deux raisons essentielles vont entraîner le déclin de l'empire: la question religieuse et l'éloignement géographique entre l'Espagne et les Pays-Bas, qui conduit l'empereur catholique Charles Quint à s’y faire représenter par des gouverneures, femmes fortes de la famille. Malgré sa délégation de pouvoir, l'autorité de Charles Quint est contestée sur les terres où émergent les thèses de Luther. La réforme protestante est en effet un élément fort de la désintégration de l'empire (guerre de Quatre-Vingts Ans, 1568-1648). L’acte de La Haye en 1581 entérine la scission - parmi les dix-sept provinces des Pays-Bas bourguignons - des sept Provinces-Unies rejetant le pouvoir monarchique de Philippe II. L’indépendance du Portugal en 1640 et le traité de Westphalie ratifié en 1648 signent la chute de la puissance espagnole et un nouvel équilibre géopolitique en Europe.
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Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Assiette chinoise.
XVIIe-XVIIIe siècles. Musée royal de Mariemont, Belgique. À la fin des années 1560, les Génois cessent de financer le commerce entre Séville et le Nouveau Monde, les Hollandais prennent aussitôt leur place et s’insinuent dans le commerce espagnol des Indes au détriment des Portugais et en concurrence avec les Anglais. Dès le milieu du XVIIe siècle, les porcelaines chinoises apparaissent dans les cargaisons de commerce portugais et hollandais en complément du poivre et du thé. VI assiette est issue du commerce de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC). Sa forme est empruntée au répertoire chinois tandis que le thème central est dicté par le commanditaire hollandais, la ville de Namur.
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Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Médailles commémoratives.
XVIIe-XVIIIe siècles. Musée royal de Mariemont, Belgique.
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Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Médailles commémoratives.
XVIIe-XVIIIe siècles. Musée royal de Mariemont, Belgique.
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