Le Rêve
Exposition Le Rêve au Musée Cantini.
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Sommeil.
Nous sommes de cette étoffe sur laquelle naissent les rêves, et notre infime vie est entourée de sommeil. William Shakespeare, La Tempête, 1610-1611.
Le cerveau humain subit l’alternance de trois états : éveil, sommeil, rêve. Plus d’un tiers de notre vie adulte, et plus encore de notre enfance, est consacré au sommeil. Lorsque nous dormons s’enclenche un cycle partagé entre le sommeil paradoxal, état de conscience intense et le sommeil profond à travers lequel se développe dans notre imagination un monde indépendant de nous, de notre volonté, fait de mouvements fictifs alors que nous demeurons immobiles. Abandon de soi, l’endormissement est un moment privilégié durant lequel le corps se relâche, se repose, tandis que le cerveau ne cesse son activité créatrice. Cet instant figé qu’est le sommeil est couramment incarné en peinture par une jeune femme livrant son corps à la contemplation, « belle endormie » vulnérable au regard du peintre. À l’écoute de nos « voix intérieures », les artistes se fascinent pour cette étrange suspension du temps.
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Claude Lévêque
Nevers, 1953. Rêvez ! 2008. Néon multicolore. Ecriture par Gilberte Lévêque.
2
Berdaguer & Péjus
(Christophe Berdaguer & Marie Péjus), Marseille, 1968 et 1969 Plante à sommeil. 2005. Plastique, eau, somnifère, céramique. Dimensions variables.
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Odilon Redon
Bordeaux, 1840 - Paris, 1916. Tête fumante. Fusain. 1883.
Odilon redon était un symboliste. deux périodes dans sa vie : la première, de 1870 à 1890, avec des lithographies et des fusains, du noir et des visges aux yeux clos ; la deuxième, à partir de 1890, où il utilise la couleur.
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Odilon Redon
Bordeaux, 1840 - Paris, 1916. Profil de lumière. 1881. Fusain et craie blanche.
5
Odilon Redon
Bordeaux, 1840 - Paris, 1916. Orphée. Vers 1910. Huile sur carton.
6
Odilon Redon
Bordeaux, 1840 - Paris, 1916. L’Homme rouge. 1905. Huile sur toile.
Le H majuscule signifie le genre humain, le personnage étant asexué.
7
Félix Vallotton
Lausanne, 1865 - Paris 1925. Femme nue assise dans un fauteuil rouge. 1897. Huile sur carton marouflé sur contreplaqué.
Vallotton faisait partie des Nabis.
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Salvador Dali
Figueras, 1904 -1989. La Grotte vertébrée. 1936. Gouache sur papier noir.
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Marc Chagall
Liozna (Biélorussie), 1887 - Saint-Paul de Vence, 1985. Les amoureux au clair de lune. 1972. Gouache sur toile.
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Marc Chagall
Liozna (Biélorussie), 1887 - Saint-Paul de Vence, 1985. Le Songe de Jacob. 1960 -1966. Huile sur toile. En 1931, Marc Chagall entame un voyage en Palestine, Syrie et Egypte qui le marque profondément. Dans les années 1950 il illustre de tableaux monumentaux l'Ancien Testament à travers le cycle du Message biblique à destination d'une chapelle à Vence. Cette étude préparatoire pour Le Songe de Jacob condense un caractère à la fois biblique, onirique et merveilleux.
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René Magritte
Lessines (Belgique), 1898 - Schaerbeek (Belgique), 1967. L'Épreuve du sommeil. 1926. Huile sur toile.
Dans toute l'oeuvre de Magritte on trouve un voile blanc.
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René Magritte
Lessines (Belgique), 1898 - Schærbeek (Belgique), 1967. Le Cap des tempêtes. 1964. Huile sur toile. Cet étrange et inquiétant tableau montre un individu solitaire, dormant dans un meuble, à l’apparence d'un cercueil. Au-dessus de cet homme un rocher ou un météorite apparaît en songe. Il rappelle que le dormeur est vulnérable aux dangers de la nuit. les deux ombres n'ont pas la même direction. Chez Magritte la peinture n’est pas une fin en soi mais un véhicule pour atteindre « les mystères du monde ». Sa peinture est une pensée qui transgresse notre accoutumance au réel, combat la paresse de l’esprit : « L’art, tel que je le conçois, est réfractaire à la psychanalyse : il évoque le mystère sans lequel le monde n’existerait pas [...] Pour peindre le Mystère du monde je dois être bien éveillé, ce qui signifie cesser de m'identifier entièrement à des idées, des sentiments, des sensations. Le rêve et la folie sont au contraire propices à une identification absolue »
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Pablo Picasso
Malaga, 1881 –, Mougins 1973. Dormeuse aux persiennes. 1936. Huile est refusée sur toile. Dormeuse aux persiennes 1936. Son histoire avec Marie-Thérèse Walter, et leurs séjours à Juan-les-Pins inspirent à Picasso, une série de célèbres portraits, où une sensualité pour une fois heureuse et reconnaissante s’exprime à travers les courbes puissantes. Proche des surréalistes dans les années 1930 sans toutefois adhérer au groupe, le thème du rêve est récurent chez Picasso à cette époque, cerné d’une ambivalence sourde, entre mélancolie, et passion paisible.
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Auguste Rodin
Paris, 1840 - Meudon, 1917. La Voix intérieure. 1897. Plâtre. Marseille, musée des Beaux-Arts La Voix Intérieure ou La Méditation trouve son origine dans une figure du tympan de La Porte de l’Enfer commandée à Rodin pour orner l’entrée du musée des Arts décoratifs à Paris. C’est pour l’insérer dans ce monument, qui ne vit jamais le jour, au-dessus de la célèbre figure du penseur que le sculpteur la priva de ses bras et amputa une partie de ses jambes, offrant ainsi un parallèle entre un idéal de beauté et une douleur intérieure contraignant le corps à ployer.
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Nocturne
Quel calme nocturne, quel calme nous pénètre du ciel. » Rainer Maria Rilke, Les quatrains valaisans, 1924.
Une nocturne est une ambiance, un univers mélancolique où le silence et le vide laissent part à la présence lumineuse des « états-d’âme ». Effets de légèreté et de transparence, rendu brumeux, vaporeux, propice à l’étude impressionniste de la lumière, la représentation de la nuit est onirique en soi. Pour les peintres, elle permet de faire ressortir, d’un paysage effrayant, une poésie. La forêt est un motif naturellement nocturne, thème cher à la pensée surréaliste en ce qu’il symbolise le repaire de souvenirs angoissants. Plus que de simples paysages, l’enchevêtrement des frondaisons des arbres révèle une sève intérieure, reflet du fonctionnement de notre âme, abîmes peuplés de créatures étranges, tels les fantômes figés d’un « rêve étrange et pénétrant.
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Léon Spilliaert
Ostende (Belgique), 1881 - Bruxelles, 1946. Plage au clair de lune. 1908. Aquarelle et crayons de couleur.
Spilliaert était un symboliste. Ces deux tableaux sont empreints de nostalgie.
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Léon Spilliaert
Ostende (Belgique), 1881 - Bruxelles, 1946. Le Phare d’Ostende vu de l’estacade, la nuit 1907. Lavis d’encre de Chine et crayons de couleur
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William Degouve de Nuncques
Monthermé, 1867 . Stavelot, 1935. La Forêt lépreuse. 1898. Huile sur toile.
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René Magritte
Lessines (Belgique), 1898 - Schaerbeek (Belgique), 1967. La Forêt. 1926. Huile sur toile.
Magritte découvre en 1923 Le chant d'amour, une œuvre du peintre italien Giorgio de Chirico.
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Félix Labisse
Marchiennes, 1905 - Neuilly-sur-Seine, 1982. Le Maquis de Malaisie. 1958. Huile sur toile.
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Paul Delvaux.
Antheit (Belgique), 1897 – Furnes une (Belgique), 1994. Les suivantes. 1977. Huile sur toile.
Le reflet, dans la miroir, ne représente pas la scène à droite.
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Salvador Dali
Figueras, 1904 -1989. Composition (Portrait de Luli Kollsman). 1946. Huile sur toile. En 1944, Salvador Dali réalise les décors de la séquence de rêve du film d’Alfred Hitchcock La maison du Dr Edwardes. Il est ensuite embauché deux mois par les studios Disney pour réaliser le court-métrage qui n'aboutit pas. Il réalise à cette époque des portraits d'actrices, comme celui de Julie « Luli » Kollsman, interprète de la reine Fria dans le film de science-fiction Flash Gordon conquest the universes (1940). « En vérité, reconnaît Dali, l'imagination des experts d'Hollywood sera la seule chose qui m'ait déjà dépassé.
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Max Ernst
Brühl (Allemagne), 1891 - Paris, 1976. Monument aux oiseaux. 1927. Huile sur toile.
C'est vers 1930 qu'apparaît dans l'oeuvre de Max Ernst une figure dominante, énigmatique, qui prend la forme d'un oiseau, nommé Loplop, et qui n'est pas sans présenter quelques traits de son créateur.
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Max Ernst
Brühl (Allemagne), 1891 - Paris, 1976. Les Trois Cyprès. 1951. Huile sur toile.
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Louise Bourgeois
Paris, 1911 - New York, 2010. Spider ll. 1995. Bronze.
Le cheminement de Louise Bourgeois se révèle entièrement autobiographique : l’art et la vie demeurent à ses yeux indissociables et relève d'une pratique d’exorcisme qui confère à ses sculptures une intensité et une étrangeté très particulière proche d’un cauchemar. Selon Louise Bourgeois elle-même, l’araignée représente sa mère, restauratrice de tapisseries « parce que ma meilleure amie était ma mère, et qu’elle était aussi intelligente, patiente, propre et utile, raisonnable, indispensable qu’une araignée ».
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Max Ernst
Brühl (Allemagne), 1891 - Paris, 1976. La Dernière Forêt 1960-1970. Huile sur toile. Les « forêts » d’Ernst présentent une sorte d'image de la psyché, un paysage intérieur, dévoilant la nature des profondeurs intimes telles qu'elles peuvent se manifester dans le rêve ou dans les hallucinations. Infranchissable et effrayante, la forêt est un lieu que le peintre ne pénètre pas, mais qu’il interroge à distance : « Qu'est qu’une forêt ? un insecte merveilleux. Une planche à dessin [...] Dehors et dedans, tout à la fois. Libre et prisonnier [...] Qu’est-ce que le rêve ? Vous m’en demandez trop. Une femme qui abat un arbre ».
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Antoni Tapies
Barcelone, 1923 – 2012. La sonda del fullatge. (La Sonde du feuillage). 1950. Huile sur toile.
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Amédée Ozenfant
Saint-Quentin, 1886 - Cannes, 1966. Lumières sur l’eau. 1949. Huile sur toile.
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Rêve.
Le rêve est la satisfaction d’un désir... » Sigmund Freud, L’interprétation des rêves, 1900.
L’expérience du rêve est universelle. Son contenu brouillé, absurde, oublié, et occulté, demande une attention particulière au détail pour aboutir à son analyse symbolique. En décryptant le travail et le récit du rêve, ses déplacements, ses dramatisations, condensations ou symbolisations, Sigmund Freud cherche dans la vie les traces éparses d’une réalité diffuse dans les songes. Au même titre que la psychanalyse, la peinture est pour André Breton une forme de délivrance qui permet de donner une existence visuelle au rêve dont chaque objet est l’essence d’un souvenir du quotidien. Créer sans contrôle de la raison permet aux artistes surréalistes de s’affranchir de la réalité pour épouser les contours de notre inconscient. Emergent ainsi les «clefs des songes», orientées sexuellement, qui sont autant de strates d’une archéologie de l’âme.
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Oscar Dominguez
La Laguna (Canaries), 1906 - Paris, 1957. Le Dimanche. 1935. Huile sur toile.
La queue du cerf-volant représente des lèvres.
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Salvador Dali
Figueras, 1904 -1989Suenos en la ploya (Rêves sur la plage). Vers 1934. Huile sur bois.
Dans les années 1930 Salvador Dali théorise « La méthode paranoïaque-critique » qui tente de dépasser la pensée des surréalistes et leur dépendance aux phénomènes passifs du sommeil. Pour Dali la peinture n'est pas essentiellement un automatisme, mais une interprétation des phénomènes délirants générés par les interférences entre le monde réel et celui que crée l’imagination : « Toute mon ambition sur le plan pictural consiste à matérialiser avec la plus impérialiste rage de précision les images de l'irrationalité concrète »
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Yves Tanguy
Paris, 1900 -1958. L'Inspiration. 1929. Huilé sur toile.
Ses toiles sont inspirées des paysages marins de sa Bretagne. Il peint d'abord le fond, sur lequel il pose les objets, puis il représente leurs ombres.
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Man Ray (Emmanuel Radnitzky, dit)
Philadelphie, 1890 – Paris, 19760I À l’heure de l’observatoire, les amoureux, 1970. Lithographie sur papier.
Les lèvres représentent un corps féminin sur un corps masculin, flottant au-dessus des coupoles de l'observatoire de Paris. Surnommée « The Lips », cette œuvre iconique est achevée deux ans après sa rupture douloureuse arec Lee Miller. Man Ray était obsédé par la perfection de la bouche de cette femme, à la fois son assistante et sa compagne. Ses lèvres deviennent rapidement un leitmotiv dans ses œuvres, déclinées sous de multiples formes. « Il est sept heures du matin à l'horloge, avant que la faim de l’imagination ne soit satisfaite. Le soleil ne s’est pas encore décidé s’il allait se lever ou rester couché – mais ta bouche apparaît. Elle devient comme deux corps séparés par une ligne d’horizon, mince, ondulante. Comme la terre et le ciel, comme toi et moi, et donc comme tous les objets microscopiques, invisibles à l’œil nu … »
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Fantasme
Je ne suis pas une femme, je suis un monde. Mes vêtements n’ont qu’à tomber, et tu découvriras sur ma personne une succession de mystères ! » Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine, 1874
La psychanalyse considère souvent l’art, autant que le rêve, comme une expression de l’inconscient : à travers l’œuvre d’art, l’artiste donne vie à ses fantasmes, à ses désirs inassouvis car, « l’art est dangereux. Ou s’il est chaste, ce n’est pas de l’art », déclare Pablo Picasso. Longtemps bridé par les conventions académiques, l’art n’a cessé de transgresser ses propres règles pour renvoyer au « regardeur » le reflet de ses fantasmes. II s’est agi pour les artistes de détourner l’académisme du nu pour inventer des sujets galants et érotiques. Mêlant pulsion sexuelle et pulsion de mort, cette « beauté convulsive » triomphe dans l’œuvre des artistes surréalistes, véritable pied de nez aux pouvoirs totalitaires.
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Joan Miro
Barcelone, 1893 - Palma de Majorque, 1983. Femmes et oiseaux. 1964. Huile sur toile.
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Joan Miro
Barcelone, 1893 - Palma de Majorque, 1983. Femme-oiseau I. 1964. Huile sur toile.
Son second voyage à New-York en 1959 déclenche chez Miro une prise de conscience et un bouleversement de son art. Il dira de la peinture américaine « elle m’a montré les libertés que l’on peut prendre et jusqu’où l’on pouvait aller, au-delà des limites. En quelque sorte elle m’a libéré ». Il s’engage donc dans les années 1960 dans de nouvelles recherches. Lors de cette abondante production, à laquelle appartient l’œuvre Femme-oiseau I, nous sommes frappés d’abord par une violence expressive qui rend souvent méconnaissable son écriture de signes proche des graffitis.
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Joan Miro
Barcelone, 1893 - Palma de Majorque, 1983. Femme-oiseau II. 1964. Huile sur toile.
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Cauchemar.
« L’histoire est un cauchemar dont je cherche à m’éveiller. » James Joyce, Ulysse, 1922.
Pénible, effrayant, et menaçant, le cauchemar est un rêve obsédant à travers lequel émergent nos peurs les plus profondes, nos hantises et nos angoisses. Emprunté au néerlandais, et au folklore Scandinave, le terme « Mare » désigne un fantôme envoyé pour étouffer les dormeurs dans leur sommeil. La fascination pour le cauchemar s’amplifie avec les siècles. Les artistes y trouvent un terreau d’inspiration afin d’extraire de sa représentation les tourments de l’âme. La représentation du laid et de l’abject révèle les mécanismes de refoulement de notre inconscient. Des bêtes mythiques s’échappent de notre conscience, telles les allégories de nos drames personnels et de l’horreur humaine.
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Pierre-Amédée Marcel-Beronneau
Bordeaux, 1869 -1937. Orphée aux enfers. 1897. Huile sur toile.
En haut, à droite, Hadès, le dieu des Enfers.
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Victor Brauner
Piatra Neamt (Roumanie), 1903 - Paris, 1966. Le Ver luisant. 1933. Huile sur toile.
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Victor Brauner
Piatra Neamt (Roumanie), 1903 - Paris, 1966. Conciliation extrême. 1941. Huile sur toile.
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Constant Nieuwenhuys
Amsterdam, 1920 - Utrecht, 2005. Le Cauchemar. 1988. Huile sur toile.
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Yves Tanguy
Paris, 1900 -1958. Quand on me fusillera. 1927. Huile sur toile.
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Dado (Miodrag Djuric, dit)
né le 4 octobre 1933 à Cetinje (province du Monténégro, Yougoslavie, et mort à Pontoise, France, le 27 novembre 2010. L'Architecte, 1959. Huile sur toile. Ce tableau représente l'émiettement de l'Architecte et de son oeuvre.
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Alfred Kubin
Litomerice (République Tchèque), 1877 Wernstein am Inn (Autriche), 1959. Dos Grausen (L’Horreur) 1903. Gravure.
Dessinateur, graveur, illustrateur et écrivain autrichien, Alfred Kubin a transposé, dans ses ouvres, ses expériences personnelles que furent la mort de sa mère, les meurtres dont il a été témoin et sa tentative de suicide. Cet homme, ayant recouvré sa santé mentale par miracle, apprend la photographie et découvre la gravure à travers les œuvres de Goya, puis dans l’atelier d’Odilon Redon. D’une inquiétante étrangeté, ses dessins et gravures donnent à voir des créatures hybrides et grotesques, des images oniriques, symboles de sa vision pessimiste de l’humanité et laissent deviner le monstre qui sommeille en nous.
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André Masson
Balagny- sur-Thérain, 1896 - Paris, 1987. Antille. 1943. Huile, sable et tempera sur toile.
La technique du "dripping", projection de la peinture sur une toile posée à plat, mise au point par Jackson Pollock, est sans doute inspirée de celle de Masson. Dans cette toile, on peut voir la silhouette d'une femme, la tête renversée en arrière.
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André Masson
Balagny- sur-Thérain, 1896 - Paris, 1987. Le Terrier. 1946. Huile et tempera sur toile.
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Hallucination.
Aujourd’hui, dans le bus allant à Marseille, j’ai eu une tempête transcendantale de visions colorées » Brion Gysin, extrait de son journal, 21 décembre 1958.
Champ d’investigation de la médecine, l’hallucination est une perception de faits ou d’objets qui n’existent pas. Elle peut être comprise comme une expérience de rêve qui s’opère dans la réalité, une expérience de rêve éveillé. Par sa force onirique, l’hallucination est l’une des voies empruntées par les artistes pour nourrir leur inspiration. Cette alchimie visionnaire qui s’opère chez l’artiste peut être atteinte par l’usage de substances chimiques. Dans le Manifeste du surréalisme de 1924, André Breton compare les psychotropes à l’activité surréaliste qui « agit sur l’esprit à la manière de stupéfiants ; comme eux, il crée un certain état de besoin et peut pousser l’homme à de terribles révoltes »
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André Masson
Balagny-sur-Thérain. 1896 - Paris. 1987. Homme à l’orange 1923. Huile sur toile.
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Jones Jalyirri Harry
Rêve associé au trou d’eau Kulardja. 1990. Acrylique sur toile.
Chez les aborigènes d’Australie la croyance est fondée sur le « dream-time », époque du rêve, au cours de laquelle des héros fondateurs ont créé ou modifié à la fois les hommes, les animaux et les paysages. Certains rêves permettent aux Aborigènes de se plonger dans ce dream-time et de revivre des épisodes de la création. Leur peinture est alors un chemin vers le temps du rêve.
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Henri Michaux
Namur, 1899 - Paris, 1984. Sans titre. 1980. Encre de Chine sur papier.
Toujours à la recherche des profondeurs de l’être, doué d’un imaginaire débridé, cet aventurier de l’inconscient, poussant encore plus loin l’automatisme des surréalistes, Michaux donne corps à ses visions en expérimentant toutes sortes de techniques. Ainsi jaillissent ces violentes éclaboussures d’encre, ces alphabets imaginaires, ces dessins grouillants de signes quasi hiéroglyphiques ou à l’apparence anthropomorphique. Après le décès de sa femme en 1948, il pousse son expérience de l'obscur jusqu'à faire usage d'hallucinogènes et de mescaline. Surgissent alors de longues silhouettes vacillantes, telles des ombres.
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Victor Vasarely
Pécs (Hongire), 1906 - Paris, 1997. Alom (Rêve). 1966. Collage sur contreplaqué. Vasarely est considéré comme le créateur de l’art optique ou Op art jouant sur l’illusion d’optique provoquée par l’agencement des formes et les contrastes de couleurs. Notre œil parcourt le tableau en s’accrochant sur les effets de relief, de creux, de mobilité des éléments. Le jeu entre le carré et le cercle est conçu pour « hypnotiser » le spectateur, qui crée mouvement, profondeur et lumière. Lorsque l’on fixe l’œuvre plusieurs minutes, les éléments semblent bouger, venir vers soi, reculer et créer des effets de lumière. Dans l’art optique, le mouvement est juste virtuel, jamais réel.
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Antony Gormley
Londres, 1950. Bodies in Space VI - Omar Khan. 2003. Roulements à billes en fer forgé.
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Jindrich Styrsky
Cermnà u Kysperka (République Tchèque), 1899 - Prague, 1942. La Baignade. 1934. Collage sur papier.
55
Ernest T.
Mons, 1943. Le Voleur de femme. Été 2002. Huile sur toile. Limoges, collection Frac Limousin Ernest T est membre du collectif Taroop & Glabel, qui mène une critique virulente contre les idoles et les illusions de l'histoire de l'art. Ici l'artiste, tel un faussaire, pastiche une œuvre du Douanier Rousseau en imaginant comme dans le film King Kong l'enlèvement d’une femme dans la jungle.
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André Raffray
Nonancourt, 1925 - Paris, 2010. Etant donnés 1° La chute d’eau 2° Le gaz d’éclairage 2006-2008. Crayons de couleur sur toile, allumage électrique du manchon.
En 1975 intervient un événement décisif : pour l'exposition « Marcel Duchamp » prévue pour l'ouverture du Centre Pompidou en 1977, André Raffray se voit passer commande de douze gouaches racontant la vie de l’artiste. Afin de se documenter, il se rend à Philadelphie et étudie en détail la dernière installation de Duchamp Etant donné ; 1, La chute d'eau, 2. Le gaz d'éclairage, qui fut réalisée en secret pendant vingt ans dans son atelier new-yorkais, et découverte après la mort de Duchamp en 1968. Cette installation mystérieuse est une scène étrange, où un moulage en plâtre d'une femme couchée sur un lit de branchages et dont l’organe sexuel référence à la célèbre peinture de Gustave Courbet, L'origine du monde, se découvre à travers l’échancrure d'une muraille. Des années plus tard, André Raffray revient sur cette œuvre, avec l’ambition cette fois, de traduire cette installation en deux dimensions, à partir de crayons de couleurs, de photos et croquis qu'il a accumulés.
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Félix Labisse
Marchiennes, 1905 - Neuilly-sur-Seine, 1982. Le Songe de Louis XIII ou La Belle Martyre 1957. Huile sur toile.
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Félix Labisse
Marchiennes, 1905 - Neuilly-sur-Seine, 1982. Le Rendez-Vous aux Baux. 1955. Huile sur toile.
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Pablo Picasso
Malaga, 1881 - Mougins, 1973. Nu au bouquet d’iris et au miroir. 22 mai 1934. Huile sur toile.
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Oscar Dominguez
La Laguna (Canaries), 1906 - Paris, 1957. Les Niveaux de désirs (Los niveles del deseo) 1933-1935. Huile sur toile.
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Wilhelm Freddie
Copenhague, 1909 -1995. Les Tentations de saint Antoine 1939. Huile sur toile.
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Hans Bellmer
Kattowitz (Pologne), 1902 - Paris, 1975. La Toupie. 1938-1968
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Hans Bellmer
Kattowitz (Pologne), 1902 - Paris, 1975. La Poupée. 1935. Tirage argentique d’époque colorié à l'aniline.
C’est la réception d'une caisse remplie d'objets issus de son enfance qui va pousser Bellmer à la construction de sa fameuse Poupée en 1933. Objet fétiche de l'artiste, qu'il a souvent photographié et dessiné, elle est un exemple extraordinaire pour les surréalistes, pulvérisant les catégories convenues : ni objet ni sculpture, elle se constitue en organisme hybride, polymorphe, et un instrument manipulable et transformable à l’infini. Au-delà de l’esprit de révolte contre l’ordre nazi, elle est avant tout œuvre de mélancolie et d’« inquiétante étrangeté », mêlant pulsion du désir et pulsion de mort.
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Réveil.
« Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve. » Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, 1943.
Un bruit, une musique, les tonalités d’un carillon, une lumière, des éléments extérieurs ou la fiction du rêve créent un choc et une interruption du sommeil. Au réveil la mémoire garde les traces de l’agitation consciente de nos nuits. Parfois, nous continuons à nous croire dans le rêve, et le réveil nous sauve d’un événement angoissant : la sensation d’une chute ou l’impression de se réveiller nulle part. Si le rêve pour Freud est «le gardien du sommeil, quand celui-ci nous réveille en sursaut, c’est que le travail du rêve n’arrive plus à masquer les abords du secret. » Lorsque nous nous souvenons au réveil de nos rêves, ce sont alors des souvenirs d’un monde déconcertant, où l’on parle de nous avec un langage étranger, un monde des possibles, où les désirs sont réalisables, un autre monde fait d’un avenir souhaité.
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Jeu de Marseille.
En 1940, les surréalistes se réfugient à Marseille, terre d’exil où les artistes et les intellectuels se regroupent dans l’espoir de fuir la France. Soutenus par le journaliste américain Varian Fry, ils se réunissaient à la Villa Air-Bel, en attente de Visas pour les Etats-Unis. C’est dans ce contexte et à cette époque, au cours d’une conversation avec Jacques Hérold, qu’André Breton prit l’initiative, avec la collaboration d’une dizaine de surréalistes, de recréer le jeu de tarot divinatoire. Les quatre couleurs - pique, cœur, carreau et trèfle - sont remplacées par l’amour, le rêve, la révolution et la connaissance. Sont ensuite tirées au sort les figures qu’il revient à chacun de réinterpréter. Max Ernst introduit dans le jeu le révolutionnaire mexicain Pancho Villa et Jacqueline Lamba choisit Baudelaire. On retrouve aussi l’alchimiste Paracelse, le poète Novalis, le philosophe Hegel, le Marquis de Sade, Sigmund Freud père de la psychanalyse, la médium Hélène Smith, Lamiel héroïne de Stendhal, ou encore la religieuse portugaise des écrits de Guilleragues. Les surréalistes réalisent finalement vingt-deux feuilles aux crayons de couleurs fourmillant d'êtres hybrides, de personnages fantastiques propres à leur esthétique Les deux cartes de Wifredo Lam, Alice. Sirène de rêve - Étoile et Lautréamont. Génie de rêve – Etoile, sont actuellement présentées dans le cadre de la rétrospective Wifredo Lam à la Tate Modem de Londres jusqu’au 8 janvier 2017.
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Max Ernst.
Pancho Villa. Mage de révolution. Flamme. Mars 1942. As d'amour. Flamme.
67
Frédéric Delanglade.
Bordeaux, 1907 - Avignon, 1970.
Projet de dos rectangulaire et circulaire pour le jeu de Marseille. Mars 1941.
Victor Brauner
Hélène Smith. Sirène de Connaissance. Serrure. Hegel. Génie de Connaissance. Serrure. Mars 1941.
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Francisco de Goya y Lucientes
Fuendetodos, 1746 - Bordeaux, 1828. Pesadilla (Cauchemar). Vers 1815. Encre, lavis noir et pierre noire sur papier.
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Francis Picabia
Paris, 1879-1953. Transparences. 29 avril 1932. Crayon graphite sur papier.
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Victor hugo.
Besançon, 1802 - Paris, 1885. Vision. Vers 1850. Plume et lavis, encre noire, crayon noir, crayon graphite.
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Odilon Redon
Bordeaux, 1840 - Paris, 1916. Le Buddha. 1895, premier état. Lithographie sur Chine appliqué.
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