Chapelle de La Capelette
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La Ville de Marseille souhaite procéder à la démolition de la chapelle Saint-Laurent de la Capelette afin d'élargir les boulevards Bonnefoy et Lazer et de livrer le terrain à la construction d'immeubles d'habitations, dans le cadre plus vaste de la mise en place d'une zone d'aménagement concertée. La Soleam, Société Locale d'Equipement et d'Aménagement de l'aire Marseillaise est chargée de la maîtrise d'ouvrage. En réponse à la saisine effectuée par ce maître d'ouvrage, le Service Régional de l'Archéologie (Direction Régionale des Affaires Culturelles, Ministère de la Culture et de la Communication) a estimé indispensable la sauvegarde par l'étude de cet édifice et de son environnement immédiat par la réalisation d'investigations archéologiques préalables aux travaux d'aménagement prévus sur place. Il a donc prescrit, dans un premier temps, la réalisation de sondages archéologiques (diagnostic archéologique) visant à mettre en évidence et caractériser la nature, l'étendue et le degré de conservation des vestiges archéologiques éventuellement présents, ceci afin de déterminer le type de mesures dont ils doivent faire l'objet.
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Ces sondages ont été réalisés en deux semaines par l'Inrap en juin 2012. Ils ont consisté en des sondages muraux, à la recherche d'éléments de chronologie relative dans le bâti et de composition architecturale, et des sondages au sol, à l'intérieur et à l'extérieur, à la recherche de faits liés à la fonction première de l'édifice. Ils ont montré que le bâtiment, en dépit de multiples changements de vocation et de deux incendies successifs, est bien conservé. Compte tenu des résultats, le Service Régional de l'Archéologie a estimé qu'une recherche plus approfondie devait être menée (fouille préventive). Pour ce faire, il a établi un cahier des charges pour la réalisation d'une fouille archéologique où sont déclinées toutes les informations que l'on attend d'une telle opération. Ce document a ensuite été remis au maître d'ouvrage qui a lancé une consultation. Ce processus d'appel d'offre, qui existe depuis 2003, met en concurrence des opérateurs publics (Inrap, collectivités) et privés ; l'Inrap a remporté le marché.
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À l'issue de la fouille à l'extérieur et de l'étude du bâtiment, qui ont mobilisé une équipe de 10 archéologues pendant un mois, il s'est avéré qu'intervenir à l'intérieur comportait un risque, compte tenu de l'instabilité de la coupole du chœur. Il a donc été décidé de procéder à la démolition de la chapelle avant d'entreprendre la seconde partie de la fouille, la plus intéressante, l'exploration de son sous-sol. Au lendemain de la journée « portes ouvertes » de la chapelle, le 12 janvier 2014, l'édifice sera détruit et, deux semaines plus tard, reprendront les fouilles archéologiques,
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Vendus comme biens nationaux en 1796, l'église, la maison curiale et le jardin sont cédés à Gaspard Isoard. Église succursale à compter de 1803, elle devient chapelle de secours de la succursale du Rouet de 1808 à 1841. À compter de 1841, elle est à nouveau succursale jusqu'à la bénédiction en 1850 de l'actuelle église paroissiale Saint-Laurent de la Capelette. Le bâtiment est ensuite occupé par une école communale, puis par un poste de police de nuit, ensuite par un fabricant de peintures. Le dernier occupant a été un revendeur de pièces détachées pour électroménager, avant que deux incendies successifs ne mettent un terme à son occupation. La façade, percée d'une simple porte, présente un fronton galbé, surmonté autrefois d'une croix. Les deux fenêtres au-dessus de la porte ont remplacé une rosace.
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Les associations mobilisées pour la présertvation de la chapelle ont déposé une gerbe lors de la journée " portes ouvertes" du 12 janvier 2014. L'édifice est mentionné sous le vocable de Saint-Laurent et a été un lieu de culte à partir du Concordat de 1803. Le nom de Capelette donné au quartier viendrait de cette petite chapelle, mais ce n'est pas attesté.
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En 1653, un terrain « pour servir de place à la chapelle [qu'ils] ont entrepris de faire construire » est cédé aux possédants de biens du quartier appelé « Canissat », du fait de son implantation en zone marécageuse, par Suzanne Fernette, veuve du marchand Pierre Teissere. Le but est de faire célébrer dans cette chapelle, de la même manière que dans les chapelles de secours identiques du terroir marseillais, une messe dominicale et d'organiser un culte patronal dans le quartier. Deux contrats de construction sont signés respectivement les 22 avril et 6 novembre 1654 par Anthoine de Valbelle avec deux entrepreneurs. Thomas Savornin est chargé du gros œuvre, qui nécessite la construction d'environ 300 m de murs. Jean-Baptiste Cauvin élève la voûte composée de « mallons de crotte » d'environ 4 m de hauteur. Elle sera surmontée d'un toit avec saillants « à la marseillaise ».qui débordent du bâtiment d'environ 2 m, afin de préserver les maçonneries des ruissellements.
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Formant éperon entre le grand chemin de Toulon et le chemin de la Condamine, ce lieu était déjà porteur d'une croix dite de Jarret, expliquant peut-être son ancienne dénomination de «Cros de Saint-Laurent». Le terrain cédé étant sous la directe du couvent des Trinitaires déchaussés, ceux-ci l'affranchissent aussitôt. Un prix fait est signé en 1654 entre Valbelle et Jean-Baptiste Cannin, qui s'engage à couvrir l'édifice, à bâtir la plate-forme du maître-autel en granit, un campanile pour la cloche, et un tumulus sépulture voûté à l'accès fermé par une pierre munie de deux anneaux sur laquelle seront gravées les armes des Valbelle. Le culte sera assuré par des prêtres rétribués par les fidèles, jusqu'à ce qu'en avril 1707, une fondation soit faite par Philippe Goujon, l'un des propriétaires, sous forme d'une pension annuelle et perpétuelle de 150 livres en faveur des Trinitaires, en fonction depuis un an. Ils y resteront jusqu'à la Révolution, tenant les registres paroissiaux de 1713 à 1791. A gauche de la chapelle, emplacement du prebytère. A droite, le cimetière.
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Le 24 décembre 1791, la chapelle est fermée. Mise à l'encan comme bien national, elle est achetée, en même temps que le clocher de l'église Saint-Théodore, par le maçon Gaspard Isoard, le 4 thermidor an IV, en vue de la récupération des pierres. Isoard ne pouvant payer, la chapelle est remise en vente mais, ne trouvant pas preneur, elle devient propriété municipale, ce qu'elle est toujours. Rouverte en 1803 en tant que succursale, elle perdra ce titre en 1808 et dépendra de Notre-Dame du Mont. Elle traverse alors une période difficile du point de vue financier. Il faudra attendre une ordonnance de Louis-Philippe (29 juin 1841) pour qu'elle retrouve son titre et des finances accrues. L'érection par Mgr de Mazenod et le curé Chataud d'une nouvelle église au boulevard Saint-Jean (1850) marque la fin de l'utilisation cultuelle de l'édifice. Jusqu'en 1881, il est occupé par deux classes de l'école communale de garçons tenues par les Frères, mais les lieux étant peu adaptés à cet usage, la destruction du bâtiment et la création d'un petit groupe scolaire sont envisagées. Un terrain est finalement acheté, boulevard de la Barnière, et la chapelle échappe une seconde fois à la démolition.
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Succursale de Saint-Martin, la chapelle sert aussi de lieu d'inhumation, mais une ordonnance du 10 mars 1776, interdisant cette pratique, un terrain situé derrière la chapelle a été acquis au sieur Charlois afin d'y établir un minuscule cimetière. Les inhumations s'y poursuivent jusqu'à l'ouverture de celui de Saint-Pierre dans la seconde moitié du XIXe siècle. Bien visible sur le cadastre de 1820, ce cimetière se trouve dans l'emprise de l'opération archéologique, mais les fouilles n'ont rencontré que des terres remaniées contenant, de ci de là, quelques os humains et des objets funéraires (plaques de verre, crucifix, etc). Il est clair que le cimetière a été entièrement démantelé et les corps déplacés.
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Par contre, alignées le long de l'avenue Lazer, trois tombes sont conservées, creusées dans les alluvions anciennes de l'Huveaune, et, pour partie, sous les murs du presbytère ou de clôture du cimetière. Leur position stratigraphique et leur configuration nous amènent à supposer qu'elles sont antérieures à la construction de la chapelle. Seule la datation carbone 14 nous permettra de le savoir. (photo après destruction de la chapelle)
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Par leur aspect, elles se rapprochent des tombes de l’antiquité tardive ou du Moyen Âge, ce que préciseront les datations C14. Il pourrait s’agir des tombes les plus profondes d’une plus vaste nécropole, réchappées des travaux de nivellement modernes.
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Tombes le long de l'avenue Lazer.
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Terrain le long de l'avenue Lazer. Avant destruction de la chapelle.
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Si les murs sont en poudingue, les chaînages d'angles sont en pierre.
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Le puit.
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Extérieurs, coté presbytère, le long de la rue Lazer.
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Extérieurs, coté presbytère.
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Porte d'entrée du choeur. De nombreuses ouvertures, pas toujours d'origine, permettent d'accéder depuis l'église vers les annexes, presbytère à l'ouest, sacristie à l'est (actuellement le bar « Le Bergerac »). Les portes latérales ainsi que le portail d’entrée sont en pierre de taille.
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Extérieurs, coté presbytère. Porte d'entrée vers la nef.
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Extérieurs, coté presbytère.
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Entrée du presbytère.
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Porte d'entrée du boulevard Bonnefoy.
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Porte d'entrée du boulevard Bonnefoy.
L'arrière voussure de la porte d'entrée est bien conservée, masquée par les réfections postérieures.
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Porte d'entrée du boulevard Bonnefoy.
L'arrière voussure de la porte d'entrée est bien conservée, masquée par les réfections postérieures.
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Les traces sur les murs marquent l'emplacement de la porte d'entrée de la sacristie, qui est, aujourd'hui, occupée par le bar "Bergetrac". Une niche pour recevoir des bénitiers sera installée de chaque côté de la porte d'entrée de la chapelle.
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La nef, vue du choeur. Au fond, la porte d'entrée du boulevard Bonnefoy. La chapelle est longue de 19,90 m pour 8,40 m et orienté du nord-ouest au sud-est. Elle est composée de deux parties (la nef et le choeur) de superficie similaire, mais de compositions radicalement différentes.
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La nef, côté rue, est de plan rectangulaire. Elle est subdivisée en deux travées construites à l'identique. Les élévations et les piles sont en poudingue, alors que les voûtes sont faites de briques.
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La nef est couverte d'un voûtement en berceau avec quatre lunettes largement pénétrantes. Elle est éclairée par deux fenêtres hautes.
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La nef est éclairée par deux fenêtres hautes.
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La nef est éclairée par deux fenêtres hautes.
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Dans la première travée de la nef, proche de la porte d'entrée un carottage destiné à étudier la pollution du sous-sol a révélé un vide de 2 m de hauteur. Au moyen d'un appareil photo introduit dans le petit orifice, nous avons pu constater qu'il s'agit d'une date d'une salle voûtée, très probablement un caveau.
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Le sol de la nef est pavé de carreaux alors que celui du chœur a disparu.
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Les enduits sont extrêmement dégradés par les deux incendies successifs.
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Néanmoins, leur étude fine, si elle ne permet pas de retrouver d'éventuelles fresques, a révélé que les structures portantes étaient peintes en jaune (au centre de photo), alors que les murs étaient blancs.
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Les lunettes des ouvertures latérales sont très larges et confèrent à la voûte en berceau un aspect de voutement d'arête.
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De multiples différences entre chœur et nef laissent à penser qu'ils pourraient ne pas avoir été édifiés en même temps ; la réponse nous sera fournie par la fouille au sol. En particulier, à la jonction entre les retombées de l'arc doubleau et les piliers de la nef se trouve un espace vide.
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La nef est séparée du chœur par un arceau ogival, orné d'un claveau à sommet saillant
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Le chœur vu de la nef.
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Le chœur est de plan carré. Un arc doubleau le sépare de la nef, trois arcs sont accolés sur les côtés. Il est surmonté d’une coupole faite de briques disposées en pare-feuille qui repose sur des pendentifs aux angles.
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Le chœur
Les arcs supportent une coupole en briquettes disposées en pare-feuille, malheureusement effondrée partiellement.
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Le chœur
En son centre, des fondations de mur semblent délimitées ce qui pourrait être un premier autel. Aucun niveau de sol d'époque ne semble conservé.
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Le chœur
Porte d'entrée du choeur
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Le chœur
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Le chœur
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Le chœur
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Après démolition de la chapelle, le 23 février 2014.
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Après démolition de la chapelle.
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Après démolition de la chapelle.
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Après démolition de la chapelle.
La première travée de la nef abrite un caveau.
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Après démolition de la chapelle.
La seconde travée est occupée par des tombes.
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Après démolition de la chapelle.
Dans la nef, un sondage a révélé l'existence, sous le carrelage subactuel et le remblai qui le supporte, d'un magnifique sol pavé de carreaux. Ceux-ci se distinguent non pas par leur module (16 à 25 x 25 cm), assez courant, mais par leur épaisseur exceptionnelle, 3,5 cm. Dans ce pavement, est insérée une dalle carrée en calcaire de la couronne, percée en son centre d'un trou circulaire. Au-dessous, se trouve une fosse dans laquelle a été trouvé du mobilier attribuable au XVIIIe siècle et aussi des os humains à connexion anatomique. Il s'agit très vraisemblablement d'une tombe en pleine terre, que nous avons à peine effleurée étant donné que le sondage a été fait au droit de la dalle de surface.
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Après démolition de la chapelle.
Le chœur.
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Après démolition de la chapelle.
Le chœur. Au centre du chœur, une structure quadrangulaire pourrait correspondre à la fondation d’un autel
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Après démolition de la chapelle.
Le chœur.
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Photo prise par l'INRAP
Sépulture avec couverture en dalles calcaires (avant la fouille)
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Photo prise par l'INRAP
Sépulture avec aménagement de dalles calcaires (après la fouille)
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Photo prise par l'INRAP
Sépulture avec aménagement de dalles calcaires (après la fouille).
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Photo prise par l'INRAP
Sépulture avec aménagement de tuiles.
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Photo prise par l'INRAP
Sépulture en pleine terre.
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