Jean-Baptiste Olive Marseille. 1848-1936. Vers 1880 Huile sur toile
La longue carrière de Jean-Baptiste Olive est l'une des raisons de sa remarquable productivité. Il débute au Salon à Paris en 1874, l'année de la première exposition impressionniste. Il est certainement l'un des plus talentueux des peintres marseillais de sa génération, et fait des paysages de la côte un de ses motifs de prédilection.
Il renouvelle le genre de la marine par son talent de coloriste et ses audaces de composition. Olive a plusieurs fois pris pour motif l’île Maïre au sud de Marseille, au moment où les calanques entrent dans l'imaginaire marseillais. Par les dimensions de la peinture, le cadrage et le réalisme photographique de sa lumière. Olive crée une image spectaculaire, où l’île prend une dimension quasi fantastique.
209
Un coin de la plage du Prado
Alphonse Moutte Marseille, 1840-1913
1891, Huile sur toile
Le tableau est présenté au Salon à Paris en 1881, un an avant Le Déjeuner des Pêcheurs. La vue panoramique, les sillons sur le sable et la représentation du mouvement avec le pécheur que le peintre saisi dans sa course, sont autant d’hommages aux trouvailles de Loubon trente ans plus tôt L’évocation des petits métiers traditionnels, celui des pécheurs, plutôt que celui du travail ouvrier, déjà bien présent en ville, doit beaucoup aux idées provençalistes auxquelles adhèrent nombre de ces artistes, Moutte a également choisi de représenter une Provence moins attendue, celle de l’hiver et de la lumière d’un matin aux couleurs pâlies.
210
Intérieur d’atelier
Joseph Garibaldi Marseille, 1863 - 1941
Vers 1889, Huile sur toile.
Formé à l'école des Beaux-Arts de Marseille, Garibaldi sera comme Jean-Baptiste Olive élève d'Antoine Vollon à Paris. Il fera sa spécialité des vues pittoresques des villages du Midi et des ports de Cassis et Marseille. Sa pratique de la photographie transparait dans le réalisme puissant de ses paysages peints dans une lumière crue. Un homme en costume de ville, lit son journal devant la fenêtre de son atelier du quai de Rive- Neuve, dans un spectaculaire contre-jour. Garibaldi offre en quelque sorte une version marseillaise des Parisiens à leur fenêtre d'un Caillebotte. Les œuvres accrochées au mur étant difficilement identifiables, il n'est pas possible de savoir si cet atelier est le sien ou celui d'un autre artiste.
211
Le déjeuner des pêcheurs ou la régalade
Alphonse Moutte. Marseille, 1840-1913. 1882. Huile sur toile.
212
Le triomphe du Naturalisme
Le Midi est naturaliste car la nature y est si belle et si claire que l’homme n’ayant rien à désirer ne trouve rien de plus beau à inventer que ce qu’il voit. Baudelaire, Salon de 1846.
A partir des années 1870, la nouvelle et nombreuse génération des peintres de l’école de Marseille, représentée ici par des œuvres de Moutte, Olive, Garibaldi ou Ponson, renouvelle la vision du paysage de ses prédécesseurs. Elle adhère majoritairement au naturalisme qui triomphe au Salon à Paris et à son approche incisive et percutante du réel. Son adhésion au Félibrige, le mouvement de la renaissance provençale initié par Mistral, impose une image heureuse et populaire du Midi et de ses particularismes revendiqués.
Pour ces peintres, l’exaltation de la lumière, les cadrages audacieux, une fidélité illusionniste sous l’influence de la photographie, proclament, tout comme pour leur public, l’ouverture à la modernité. Si cette perception s’est effacée devant la force des avant-gardes du XXe siècle, la séduction de ces images a fortement contribué à forger le mythe d’une Provence heureuse et solaire.
213
Les excentriques.
Au début du XXe siècle, alors que l'Impressionnisme est désormais perçu comme un moment historique et décisif de l’histoire de la peinture française, la critique d’art locale va chercher à défendre la spécificité des artistes provençaux et ce qu’il y a d’original dans leur manière de peindre. Deux personnalités sont mises en avant, celles d’Adolphe Monticelli et de Félix Ziem. Plus que leurs thèmes de prédilection qui les ont rendus célèbres auprès du grand public, les fêtes galantes pour le premier ou Venise et l'Orient pour le second, c’est leur technique singulière qui exprime pour leurs contemporains leur inclassable originalité et leur modernité. La fluidité de la touche, l’attirance pour les jeux de la lumière sur l’eau feront dire en 1902 à Roger Milès, parlant des tableaux de Ziem, qu’ils sont comme la genèse de l'école impressionniste.
Chez Monticelli les effets de matière et de couleur sont aussi anticonformistes que l’est le personnage. Ami de Cézanne, il peint avec lui à l’Estaque. Van Gogh exprime plusieurs fois dans ses lettres son admiration pour lui. Depuis Arles, il écrira à sa sœur que Monticelli a fait le Midi en plein jaune, en plein orange, en plein souffre.
214
Scènes de parc, femmes, enfants et chien
Adolphe Monticelli Marseille, 1824-1886
Huile sur toile
Les scènes de parc ont fait le succès de Monticelli auprès de ses contemporains. Elles ont vraisemblablement aussi contribué à son désaveu une fois retombé l'engouement pour les mièvreries d'un néo-XVIIIe siècle très à la mode à partir du Second Empire. Par- delà les réminiscences des fêtes galantes ou l'influence de son contemporain Narcisse Diaz, c'est tout un univers poétique auquel est sensible ce passionné de théâtre et d'opéra, qui est déployé.
La hardiesse du choix arbitraire des couleurs, des vermillons, des verts véronèse, des bleus posés en petites touches, fascine les amateurs contemporains comme Oscar Wilde qui comparent ces peintures à l'éclat des pierreries.
215
Scènes de parc, femmes, enfants, chien et cygnes
Adolphe Monticelli Marseille, 1824-1886
Huile sur toile
Les scènes de parc ont fait le succès de Monticelli auprès de ses contemporains. Elles ont vraisemblablement aussi contribué à son désaveu une fois retombé l'engouement pour les mièvreries d'un néo-XVIIIe siècle très à la mode à partir du Second Empire. Par- delà les réminiscences des fêtes galantes ou l'influence de son contemporain Narcisse Diaz, c'est tout un univers poétique auquel est sensible ce passionné de théâtre et d'opéra, qui est déployé.
La hardiesse du choix arbitraire des couleurs, des vermillons, des verts véronèse, des bleus posés en petites touches, fascine les amateurs contemporains comme Oscar Wilde qui comparent ces peintures à l'éclat des pierreries.
216
Portrait de Madame Pascal
Adolphe Monticelli
Marseille. 1824 -1886
1871
Huile sur toile
Fuyant Paris et l’avancée des troupes prussiennes, Monticelli revient s'installer définitivement à Marseille en mai 1871. Par ses dimensions et ses partis pris picturaux, le portrait de Madame Pascal est un des plus ambitieux qu’il ait peint.
Le modèle est l’épouse de Noël Pascal, acconier (un entrepreneur réalisant les chargements et déchargements des marchandises sur les navires) et vice-consul de Bolivie à partir de 1876. Si la manière de poser et la composition conservent les codes traditionnels des portraits mondains contemporains, le visage étrangement flou de Madame Pascal surgit d’un spectaculaire morceau de peinture suggérant audacieusement la robe de dentelles et de fleurs. Rarement Monticelli est allé aussi loin dans l’invention plastique et la liberté de la touche qui évoque, avec plus de soixante-dix ans d’avance, le dripping de Jackson Pollock.
217
Portrait d’Emma Ricard
Adolphe Monticelli
Marseille. 1824 -1886
1886
Huile sur bois
Monticelli a éprouvé une grande passion, non partagée, pour sa cousine Emma Ricard qui préféra rester toute sa vie célibataire.
Il restera néanmoins toujours proche d'elle. Le portrait date des dernières années de sa vie alors que le peintre est hébergé moyennant pension, chez les Ricard, au 12 rue Sénac. Dans ce portrait expressionniste, traité dans une pâte épaisse et vigoureuse, se dégagent symboliquement le visage lumineux d'Emma et son regard intense.
Au revers du portrait, Monticelli a peint une citrouille.
218
Portrait d’Emilien Jourdan L’homme à la pipe
Adolphe Monticelli
Marseille.1824 -1886
Huile sur toile
219
Deux femmes dans un parc
Adolphe Monticelli
Marseille, 1824 - 1886
Huile sur toile
Cette scène de parc est la première œuvre de Monticelli à entrer au musée, grâce à un don d’un collectionneur marseillais, deux ans après la disparition du peintre. C’est au cours du XXe siècle qu’est réunie l'importante collection de ses peintures, avec notament le legs du comte Armand en 1939 et celui de Jules Cantini en 1917 qui rejoindra les collections du musée des Beaux-Arts, après la transformation du musée Cantini en musée d’Art Moderne en 1956.
220
Sous-bois Paysage d’automne
Adolphe Monticelli
Marseille. 1824-1886
vers 1880 Huile sur toile
221
Etude de colline (Le Garlaban)
Adolphe Monticelli
Marseille. 1824 -1886
Huile sur toile
Les paysages sans aucune présence de figure humaine sont rares dans la production de Monticelli. Cette vue de colline qui doit dater des premières années du retour du peintre à Marseille en 1871, témoigne de la puissance créatrice de sa maturité. Tout y est audacieux : le cadrage resserré, la vue en contre-plongée, la matière puissante, et surtout le refus d’une vision descriptive au profit de l’arbitraire de la couleur suggestive. Dans une quasi- solitude artistique, Monticelli
222
Paysage - Les Chênes à Saint-Zacharie
Adolphe Monticelli
Marseille, 1824 -1886
Huile sur bois d'acajou. Cadre récent
Ce tableau fait partie d'un lot d'œuvres confiées par un officier allemand en poste à Paris à un soldat de la Wehrmacht, à la fin de la guerre. Il devait les emporter en Allemagne où l’officier devait les récupérer après la guerre. Celui-ci ne s'étant jamais manifesté, l'ancien soldat décida de les remettre, sous le secret de la confession, à Mgr Heinrich Solbach, de l’archevêché de Magdebourg. En vue de leur restitution à leurs véritables propriétaires, le prélat les remet au représentant des musées de l'État de Berlin en 1972.
Les tableaux sont restitués par la République fédérale d’Allemagne en 1994. Confié au musée d’Orsay, le tableau de Monticelli est déposé à Marseille en 1996.
Ce paysage est daté des environs de 1874. Les tons réalistes utilisés sont assez rares dans les paysages de Monticelli. La composition est décentrée, les arbres réduisant le ciel à une zone bleu clair au bord de la toile. Monticelli traduit admirablement l'atmosphère d’une journée ensoleillée dans la campagne dont profite le personnage assis dans les herbes, minuscule tache de bleu et de rouge parmi les verts.
223
Le Bucentaure
Félix Ziem
Beaune, 1821 - Paris, 1911
Huile sur toile
Le premier voyage de Ziem à Venise remonte à 1842. Pendant quarante ans, il y reviendra très régulièrement faisant de la ville une de ses sources majeures d’inspiration. La Venise de Ziem est principalement celle du temps de Titien ou du carnaval. Les lieux les plus fameux de Venise, le Grand Canal, la place Saint-Marc sont peints dans des atmosphères lumineuses changeantes, indifférentes au réalisme de la couleur, sous les influences conjuguées du Lorrain et de Turner.
Le Bucentaure était une galère de parade utilisée à Venise, le jour de l’Ascension, pour célébrer le mariage du doge et de la mer. Elle fut brûlée en 1798 par les troupes françaises qui occupaient Venise. Le bateau devient au XIXe siècle, le symbole mélancolique de la gloire de Venise à jamais disparue.
224
Venise, le Bucentaure
Félix Ziem
Beaune, 1821 - Paris, 1911
Huile sur toile
225
Le Quai du port à Marseille
Félix Ziem
Beaune, 1821 - Paris, 1911
Huile sur toile
Formé à l’école d'architecture de Dijon, Ziem arrive à Marseille en 1839 pour travailler sur l’aqueduc de Roquefavour, morceau de bravoure du canal qui doit amener l’eau de la Durance à Marseille. C’est dans cette ville qu'il décide finalement de se consacrer à la peinture. Grand voyageur, il parcourt l’Europe et l’Orient entre 1842 et 1880 et connaîtra immédiatement un succès considérable.
Le port, qui est au cœur de l'activité marseillaise, monopolise les représentations de la ville par les peintres. Bien avant le triomphe du réalisme social, le travail sur les quais est déjà perçu comme une des caractéristiques de la vie marseillaise. Ziem a toutefois choisi un angle inhabituel, une vue du quai de l’Hôtel de Ville s'étirant entre les façades et les navires dans laquelle la mer est étrangement invisible. Les mâts et leurs drapeaux se détachant sur le vaste ciel seront une constantes de ses marines.
226
Pêcheurs dans une barque.
Félix Ziem
Beaune, 1821 - Paris, 1911
Huile sur toile
227
Vue de Marseille prise des Aygalades, un jour de marché
Émile Loubon
Aix-en-Provence. 1809 - Marseille. 1863.
Huile sur toile, 1853.
Quatre ans après sa présentation au Salon, le tableau est acheté par le musée des Beaux-Arts du vivant de l'artiste consacrant la gloire du peintre dans sa ville. Dans cette image qui semble célébrer une Provence rurale et immuable, il sème les premières traces d'un monde nouveau opposant discrètement l'ancien et le moderne : le moulin et les cheminées d'usine, les voiliers et la fumée d'un steamer au loin, la vieille ville fondée par les Grecs sur son promontoire, et la première gare Saint-Charles, long rectangle noir sur la gauche du tableau. Sur la colline dominant la ville, le fort qui abrite la petite chapelle de Notre-Dame-de-Garde. va en cette même année 1853. laisser place aux travaux de construction de la basilique qui est aujourd'hui le symbole le plus connu de Marseille.
En moins d'un demi-siècle, le site représenté par le peintre va être radicalement transformé par l'urbanisation. On y voit aussi la tour du fanal, la coupole de la Vieille Charité, et tout au fond le massif de Marseilleveyre, l'île Maïre et son Tiboulen.
228
Le Golfe de Marseille vu de l’Estaque
Paul Cézanne, Aix-en-Provence, 1839 -1906.
1878-1879 Huile sur toile.
Le soleil est si effrayant qu'il me semble que les objets s'enlèvent en silhouette non pas seulement en blanc ou noir, mais en bleu, en rouge, en brun, en violet. Je puis me tromper, mais il me semble que c'est l'antipode du modelé.
Cézanne à Pissaro, L’Estaque 2 juillet 1876.
Pendant près de vingt ans Cézanne a fréquenté Marseille et le village de l’Estaque.
Le Golfe de Marseille vu de l'Estaque du musée d'Orsay est daté de son plus long séjour, de mars 1878 à mars 1879.
Depuis le début des années 1870, le peintre avait éclairci sa palette au contact de Pissaro et des impressionnistes. Il s’éloigne désormais de leur ascendant pour se livrer à de nouvelles expérimentations dont l'Estaque sera le berceau. Il renonce à la perspective traditionnelle, et peint rochers et végétation avec une touche structurée en traits juxtaposés qui synthétise les éléments de la composition.
En 1901, il évoquera avec sa nièce l’Estaque, regrettant l’urbanisation et l'inexorable transformation des lieux.
Paul Guigou, Villars, 1834-Paris. 1871.
I860
Huile sur toile.
Chef-d’œuvre précoce d’un jeune artiste de vingt-six ans qui attendra encore un an pour décider de se consacrer entièrement à la peinture, La Lavandière du musée d’Orsay est en tout point unique dans l'œuvre de Guigou. Si la représentation de la figure de dos est une constante de sa création, elle n’atteint jamais une telle monumentalité. L’utilisation d’une gamme réduite des couleurs, le cadrage resserré qui fait disparaître le ciel, la vue plongeante sur le personnage sont autant de résolutions plastiques audacieuses. Les Cribleuses de blé de Courbet pourraient être une des sources les plus probables d’inspiration du peintre. Inscrite dans l’affirmation contemporaine de la représentation du monde du travail, elle rappelle le double visage du mouvement provençaliste qui revendiquait aussi son caractère novateur.
231
Une école Marseillaise
Ils forment une école, puisqu'ils ont un fond commun de qualité et de défauts. Ce qui les caractérise avant tout, ce qui résume leur défaut et leur qualité c'est le coup de soleil. (….) L'école marseillaise vit sous l'empire d'un coup de soleil persistant... Léon Lagrange, Gazette des beaux-arts, Novembre 1859.
La reconnaissance d'une école marseillaise de peinture apparaît dans la presse locale puis parisienne dans les années 1850. Emile Loubon (1809-1863), directeur de l'école de dessin de la ville depuis 1845 est reconnu par ses contemporains comme le chef de file de ce mouvement. Enseignant, organisateur d'expositions, il est un des animateurs majeurs de la vie artistique marseillaise. Sa vision du paysage provençal va durablement influencer les nombreux peintres qu'il a formé ou qui vont faire des paysages provençaux et du rivage marseillais leur principale source d’inspiration.
L’école de Marseille a réuni des personnalités très diverses, dont les noms les plus connus sont Engalière, Guigou, Monticelli, ou Ziem. Ancrée localement, elle n'est pourtant pas isolée. Elle est traversée par tous les débats de la scène artistique nationale. Profondément marquée par les paysagistes de l'Ecole de Barbizon, elle s’ouvre également au réalisme et surtout au Naturalisme à partir des années 1880. Elle restera, paradoxalement longtemps sourde au mouvement impressionniste, semblant trouver dans sa quête de la lumière et la singularité de ses paysages, sa propre expression de la modernité.
232
Portrait d’Emile Loubon
Gustave Ricard
Marseille, 1823 - Paris, 1873
Huile sur toile
233
Il y a 150 ans, le 15 avril 1874 s’ouvrait au 35 boulevard des Capucines à Paris, la première des huit expositions des peintres impressionnistes. Pour fêter cet anniversaire, le musée d’Orsay, qui abrite la plus vaste collection au monde de tableaux impressionnistes, prête un grand nombre de ses chefs- d’œuvre à travers toute la France.
Le musée des Beaux-Arts accueille La Lavandière de Paul Guigou et Le Golfe de Marseille vu de l'Estaque de Paul Cézanne. Présentés parmi les œuvres de cette école de Marseille qui a tôt revendiqué ses particularismes et place l’étude des paysages du Midi au cœur de ses réflexions, ils nous permettent d’imaginer une lecture plurielle des modernités de la seconde moitié du XIXe siècle
234
Paysage avec troupeau dans un cirque montagneux
Emile Loubon
Aix-en-Provence, 1809 - Marseille, 1863
Huile sur toile.
235
Route d’Antibes à Nice
Emile Loubon
Aix-en-Provence, 1809 - Marseille, 1863
Huile sur toile
La route est le lieu primordial de la peinture de Loubon. Elle relie les êtres et les lieux. Bêtes et hommes la parcourent inlassablement, témoins d'une économie rurale faite de déplacements, de colportages ou de transhumances. Elle sert de scène idéale à Loubon qui a la passion du mouvement. Ses paysages sont pensés comme de vastes panoramas, quel que soit le format du tableau, dans une lumière claire que la critique décrit souvent comme blafarde. Au premier plan la forte projection des ombres et les ornières sur le sol poudreux sont autant de signatures du peintre. Elles seront reprises par les peintres du Midi comme un ultime hommage encore à la fin du siècle.
236
Les Martigues
Paul Guigou
Villars, 1834 -Paris, 1871
Huile sur toile
237
Triel-sur-Seine 1865
Paul Guigou
Villars, 1834 -Paris, 1871
Huile sur toile
238
Petite route dans les pins
Paul Guigou,
Villars, 1834 -Paris, 1871.
1859
Huile sur toile
239
La Roque d’Anthéron
Paul Guigou,
Villars, 1834 -Paris, 1871.
1867
Huile sur toile
Au cours des années 1860, la conception du paysage de Guigou va évoluer. L’horizon de ses tableaux s’élargit en assimilant les vues panoramiques de Loubon. Guigou travaille particulièrement sur les paysages de son enfance, ceux du Lubéron et des bords de la Durance. L’espace est construit en bandes superposées et pour transcrire la forte lumière, les couleurs se réduisent et leur tonalité s’atténue. Dans ce monde où l’eau se mêle au minéral, les seules touches vives sont celles des minuscules figures des lavandières au cœur du vaste paysage.
240
Les Collines d’Allauch
Paul GUIGOU Villars, 1834 – Paris, 1871. 1862 Huile sur toile. D’origine méridionale, élève d'Émile Loubon, Guigou s'installe à Paris dans I les années 1860. Il fréquente les peintres impressionnistes, mais n'est pas influencé par leur recherche. S'il peint lui aussi en plein air, il préfère traduire l’aridité des paysages provençaux à la manière de son maître Loubon. L’enseignement de Loubon transparaît dans la composition dynamique du paysage. L’ordonnance de la nature se voit recomposée en de savantes successions de plans. Les tons sourds et les empâtements des premiers plans s’évanouissent vers le lointain, en tonalités fluides et lumineuses. Le paysage s’élargit en une vision panoramique largement ouverte pour découvrir une vaste plaine. En renversant la perspective traditionnelle, le point de fuite n’est plus à chercher au fond du tableau mais au bout du che
241
Les Grands Saules
Paul Guigou
Villars, 1834 -Paris, 1871.
1864
Huile sur toile.
Les Grands Saules est à rapprocher d’un ensemble de peintures de Guigou du début des années 1860. Elles partagent la vision semblable d’une Provence plus verdoyante traitée dans des tons de vert soutenus, éloignés des couleurs de paysages plus arides de Loubon. En dépit de l’intense lumière si différente, on est bien devant une réponse de l’école de Marseille à la célébration de la ruralité des peintres de Barbizon, qu’ils ont tous admirés. Dans cette image paisible de la campagne provençale, Guigou cède peut-être involontairement au mythe de la douceur de vivre du Midi que les méridionaux ont eux-mêmes largement diffusé : une des lavandières, sa figure de prédilection, se repose dans l’herbe, son ballot de linge lui servant d’oreiller.
242
Paysage – Plan d’Orgon
Paul Guigou
Villars, 1834 -Paris, 1871.
1865
Huile sur toile
243
Lavandière au ruisseau
Paul Guigou
Villars, 1834 -Paris, 1871.
Huile sur toile
244
Vue de La Canebière et des Allées de Meilhan
Paul GUIGOU
Villars, 1834 – Paris, 1871.
Huile sur toile. Jusqu'au début du XXe siècle, les représentations de la vie urbaine marseillaise par les peintres sont rares. Elles se limitent aux ports, d’où le caractère exceptionnel de ce petit tableau de Guigou qui montre la rue de Noailles et les allées de Meilhan. Ce n’est qu’à partir de 1927 que le nom de Canebière sera donné à l’ensemble des voies depuis le Vieux-Port jusqu'à l’église des Réformés.
La toile porte clairement l'influence de la photographie. Comme dans une vue instantanée, le peintre saisit les piétons traversant la voie ou le vent qui soulève les auvents protégeant du soleil les boutiques. Les grandes ombres sur le pavé sont une citation explicite de Loubon. Au premier plan, le peintre s'est amusé à placer deux petites notes incongrues, celles du réverbère et d'un petit chien de profil.
245
Les Menons en tête d’un troupeau en Camargue
Émile Loubon
Aix-en-Provence, 1809 – Marseille, 1863
Huile sur toile
Présentée à Paris au Salon de 1853 avec Vue de Marseille prise des Aygalades, la peinture attire les réactions de la critique stupéfaite et ironique devant l'œuvre de Loubon. Elle fera même l’objet d'un dessin satirique par Nadar dans son album comique du Salon. La représentation du mouvement des troupeaux sur les routes poudreuses de Provence, la réduction des tons et de la couleur, la vue panoramique, sont autant d’obsessions récurrentes chez Loubon qui acquièrent ici, par les dimensions du tableau, une présence surprenante d’autant que la figure humaine disparait dans la poussière au second plan. Les boucs noirs sont des menons (du provençal « menar », mener). Il s'agit de boucs castrés qui dans les collines du Rove étaient
246
En 1853 Loubon présente au Salon à Paris Menons en tête d'un troupeau de la Camargue et Vue de Marseille. Ce dernier tableau va s'imposer comme le paysage iconique de la ville et de son école de peinture .Il sera le premier tableau de Loubon à entrer dans les collections du musée consacrant ainsi l’école de Marseille et celui qui est perçu par ses contemporains comme son représentant le plus illustre.
Cézanne qui fréquente le petit village de l'Estaque dès 1864 a pu voir au musée le tableau de Loubon. Le Golfe de Marseille vu depuis l'Estaque est peint vraisemblablement entre 1878 et 1879, à l'occasion de son plus long séjour dans le petit port marseillais.
Peintes à 25 ans d'écart, ces deux vues de Marseille au premier abord si étrangères l'une à l'autre d’un point de vue esthétique, offrent pourtant de surprenants rapprochements et des préoccupations communes : la même vue panoramique d’un paysage où s’imbriquent la ville, la campagne et la mer et dans lequel se Usent les marques des mutations industrielles qui vont radicalement le transformer : cheminées d'usine, gare, digue des nouveaux ports. C'est également une réaction semblable devant les tonalités réduites par l'intensité de la lumière : deux leçons de peinture face à la singularité solaire du paysage provençal.
247
La Sainte-Baume, paysage
Marius Engalière
Marseille, 1824 - Paris, 1857.
La mort précoce d’Engalière à 33 ans ne lui a pas permis de développer ses idées mais il s’impose pourtant comme une des figures majeures de l'école de Marseille. De son vivant, il n’expose que trois fois au Saton, essentiellement des souvenirs de son voyage en Espagne. Ce sont ses petits formats, études personnelles ou destinées à des amateurs qui ont maintenu son souvenir. La liberté de ces exercices, peints à l’aquarelle, à la gouache ou à l’huile, annoncent un nouveau sentiment de la nature. Paysages, études d’arbres, scène de moisson, ils sont peints sur le motif, privilégiant le plein air, faisant le plus souvent l’économie des lieux communs provençaux habituels.
248
La Clairière
Marius Engalière
Marseille, 1824 - Paris. 1857
Huile sur toile
249
Bord de rivière
Marius Engalière
Marseille, 1824 - Paris, 1857
Huile sur toile
250
La Moisson
Marius Engalière
Marseille, 1824 - Paris, 1857
Huile sur toile
251
252
Le débarquement des blés
Alphonse Moutte
Marseille, 1840-1913.
1876
Huile sur toile
253
Chez Brégaillon
David DELLEPIANE
Gènes, 1866 - Marseille, 1932.
Huile sur toile
Peintre et remarquable affichiste, Dellepiane témoigne de l’ouverture des artistes marseillais à l’évolution des courants artistiques de leur temps.
Chez Brégaiilon, célébration des bonheurs de la vie urbaine marseillaise, réunit plusieurs des grandes figures de l’école de Marseille de la fin du XIXe siècle.
Au premier plan à gauche, on reconnaît le peintre et compositeur marseillais, Ange Flégier (1846-1927). A droite, trois peintres sont attablés : Alfred Casile (1848- 1909), nous fait face, Dellepiane, l’auteur du tableau, s’est représenté de dos. Edouard Crémieux est vu de profil. Né à Marseille en 1856, il sera raflé dans la rue et déporté du camp de Drancy vers Auschwitz par le convoi n°72. Il sera assassiné avec sa femme à son arrivée dans le camp en mai 1944. Joseph Garibaldi (1863-1941) est debout devant l’étal, une canne à la main. La femme portant un cornet de coquillage est l’épouse d’Alfred Casile.
Les salons de Brégaillon, 3 quai de la Fraternité, étaient un fameux restaurant de poissons et de coquillages de Marseille. Ils tiraient leur nom du parc ostréicole de Brégaillon à la Seyne-sur-mer, le plus important de la région.
254
La Mort de Pallas
Pierre-François-Grégoire GIRAUD
Le Luc, 1783 - Paris, 1836.
Vers 1810
Fils du sculpteur Jean-Baptiste Giraud, Pierre-François-Grégoire remporte le Grand Prix de Rome de sculpture en 1806.
La Mort de Pallas est tirée du livre XI de l'Énéide de Virgile.
A son arrivée en Italie, Énée, prince troyen qui a échappé avec un petit groupe de fidèles à la destruction de sa ville par les grecs, est accueilli par le roi Évandre. Celui-ci nomme son fils Pallas à la tête de ses armées pour combattre aux côtés d’Énée. Pallas est tué au combat. Énée, accablé, le ramène à son père qui se précipite de douleur sur le corps de son fils. Le sculpteur est très fidèle au poème de Virgile. L’homme qui se lamente, le visage dans la main, est Acètes. Il fut l'écuyer du roi Évandre et le mentor de son fils. Derrière lui, on aperçoit la tête du cheval de Pallas, Ethon. Les mains liées dans le dos, un vaincu attend d'être sacrifié sur le bûcher funéraire du héros.
255
Narcisse
Gustave COURTOIS
Pusey, 1852 – Neuilly-sur-Seine, 1923.
1876
Huile sur toile
La plus célèbre version de l’histoire de Narcisse est celle racontée par le poète latin Ovide dans son ouvrage Métamorphoses. Narcisse, fils de la nymphe Liriopé et du dieu fleuve Céphise, était doué d’une très grande beauté à laquelle tous succombaient. Un prétendant éconduit s’adresse aux dieux : Puisse-t-il tomber amoureux même, et ne pss posséder l'être aimé. Némésis, la déesse de la vengeance et du châtiment céleste, va exaucer son vœu.
Au retour d’une chasse, alors qu’il se penche pour boire l’eau d’une source, Narcisse tombe amoureux de son reflet. Chaque fois qu’il veut saisir l’image qu’il voit dans l’onde, elle se trouble. Il meurt de désespoir, ne pouvant atteindre l’objet de son désir. Son corps sera métamorphosé en une fleur aux pétales blancs qui prendra son nom : le narcisse.
256
Portrait de la femme de l’artiste et de ses enfants
Michel SERRE
Tarragone, 1658 - Marseille, 1733
Huile sur toile
257
Matinée à Sausset
Raphaël Ponson
Solliès-Pont. 1835-1904
1876
Huile sur toile
Le tableau est exposé à Paris en 1876 sous le titre Matinée sur la côte de Carry, aux environs de Marseille. Ponson applique dans ses marines qui seront une de ses spécialités, les vastes panoramas des paysages de Loubon, dont il a été l’élève II fait de la côte marseillaise un de ses motifs de prédilection. Il est parmi les premiers à s’intéresser aux calanques. Dans cette toile, comme d’autres avant lui, il choisit de représenter une Provence inhabituelle, aux lumières quasi bretonnes. A partir des années 1880, vraisemblablement sous l’effet des recherches impressionnistes, le titre de ses marines mentionne souvent le moment de la journée représenté : effet du matin ou du soir, avant ou après la pluie...
258
Vue du Cours pendant la peste de 1720.
Michel Serre. Tarragone, 1658 - Marseille. 1733. 1721. Huile sur toile
259
Vue de l’hôtel de ville de Marseille pendant la peste de 1720
Michel Serre. Tarragone, 1658 - Marseille. 1733. 1721. Huile sur toile